A l’heure où les grands groupes sont pleins d’eux-mêmes et les 30 glorieuses rentrées dans les livres d’histoires, à l’heure où la productivité prime sur les droits fondamentaux, et les rachats par levier, ou LBO, sur le bon sens, voire, bien entendu, sur l’intérêt des salariés, nous avons cherché alentours une entreprise à contre-courant, qui saurait faire rimer rentabilité et humanisme, profit et partage, modernité et éco-responsabilité. Et c’est à Charlieu, ville où l’on célèbre les tisserands depuis 1540, que nous avons trouvé notre perle, notre pépite, notre petit Jésus en culotte de velours : Les Tissages de Charlieu.
Dans ce bassin textile ayant connu tant de fermetures, cette entreprise de tissage jacquard et uni existe depuis 1967 et Eric Boël, son propriétaire depuis 1997, enregistre une progression constante de son chiffre d’affaire. Sans galère ni galériens, sans délocalisation ni austérité. La fabrication est 100% française, le politique sociale innovante et motivante, et l’éco-responsabilité est au cœur de toutes les démarches. Militantisme mis à part, voilà de quoi couper le son de BFM Business, qui nous explique, à grands renfort d’experts, que seul l’inverse est viable…
Mais, surprise, ce n’est cependant pas cette fois que nous vous parlerons de l’enfance d’Eric Boël, des 700 nouveaux tissus créés chaque mois ou des 70 métiers à tisser qui tournent sans discontinuer, en donnant à Pénélope attendant Ulysse, de sérieuses sueurs froides… Allons au bout de notre idée et axons notre projecteur sur les 3 start-up que la société compte en son sein: Bis Repetisac, Tonnerre de Belt, et Létol. Car Eric Boël, en patron d’avant-garde, laisse aux salariés innovants la possibilité de mener à bien un projet en profitant du savoir-faire et des moyens de la maison mère.
Petit tour au pays des travailleurs heureux, qui n’en finissent pas de filer un bon coton…
Létol : 2 mètres de bonheur raffiné
Aînée de la fratrie, cette marque d’étoles est née en 2011, de la volonté d’Eric, et représente aujourd’hui 7 % du secteur mode de l’entreprise. Ce sont Sophie, styliste aux Tissages de Charlieu depuis 17 ans, et Fabienne, attachée au pôle commerce et logistique, qui consacrent 100% de leur temps à l’ascension de Létol. A chacun son Everest. Le succès a été rapide puisque l’on compte désormais 300 points de vente en France et autant à l’étranger. L’impasse est volontairement faite sur la vente en ligne car « il faut prendre le temps de toucher son étole pour bien la choisir, et puis c’est quand même mieux d’aller chez son commerçant».
En effet, le réseau est essentiellement constitué de magasins multimarques « car il existe un lien entre chacun d’eux et ils savent défendre nos valeurs patrimoniales ».
Le duo énergisant défend avec humour un produit de qualité, 100% made in France, mode, coloré et écologique puisque réalisé avec du coton bio. Car, oui, elles l’affirment: « le coton bio n’est pas forcément beige, et le jacquard n’est pas ringard ». L’attachement à leur bébé est profond, chaque étole porte d’ailleurs un prénom et, au fil des collections, 2 par an, 700 modèles ont déjà été présentés au public, parmi lesquels 250 sont reconduits. Une équipe très féminine (Rose, Nathalie, Marie et Aurélie), se dédie à Létol et aux 40000 étoles vendues chaque année…
Où les trouver :
www.letol.fr
Tonnerre de Belt : Lake Charles-Paris-Charlieu
Cette marque de ceintures colorées, pétillantes, chics, pratiques et 100% made in France, est née en 2014 de la rencontre de deux savoir-faire : Amélie, travaillant depuis 12 ans aux Tissages de Charlieu, à la création, et Guillaume, un enfant du textile qui s’occupe de la partie commerciale et de la validation des aspects techniques. Muriel les a vite rejoints après être rentrée aux Tissages de Charlieu comme tisseuse il y 7 ans, afin de se charger de la gestion, de la production et du quotidien de la marque. Quant à Anaïs, nouvellement recrutée pour quelques mois, sa mission est d’en réussir un certain nombre (marketing, numérique, etc.).
C’est presque toute l’équipe que nous rencontrons et leur passion est bien lisible. Ils ne sont pas encore détachés à 100% sur ce projet, mais ils le font patiemment grandir et comptent aujourd’hui une soixantaine de revendeurs tant en France qu’en dehors des frontières. Amélie, designer textile, est née à Lake Charles en Floride, et a voulu un nom qui soit un mélange d’une expression bien française «Tonnerre de Brest », et de la traduction anglophone de « ceinture » (« belt »pour les moins bilingues d’entre nous). Elle a souhaité un accessoire « qui égaye la tenue et s’ajuste à la morphologie, avant ou après repas, avant ou après grossesse ». Les ceintures sont, de plus, réversibles, avec une face à motifs, et une face unie.
Où les trouver :
www.tonnerredebelt.fr
Bis Repetisac : écolo-chic
Voici la dernière née, en 2016. Une version pour les particuliers de ce que les Tissages de Charlieu font pour les professionnels avec « L’indispensac » (fournisseur, entre autres, de la COP21). Deux jeunes femmes, Anouk, 20 ans, et Julie, 24 ans, pilotent la structure. Elles nous expliquent, la joie imprimée sur leur visage, qu’il s’agit de « sacs faits à partir de fibres recyclées, avec un tissage jacquard pour un rendu durable du motif, et fabriqués 100% localement puisque l’assemblage est réalisé à Renaison par une association de retraités du textile ».
La présence de la marque sur de gros salons tels que Who’s Next ou Première Classe, à la rentrée, devrait appuyer efficacement son développement et lui permettre de s’implanter en magasin. Nous devrions donc trouver ces tote bags et cabas écolos en boutiques, très prochainement, et à petits prix.
Où les trouver :
www.bisrepetisac.com
www.achetezenroannais.fr
www.afterart-shop.com
