Faut-il, forcément, cultiver du chanvre pour faire la fête de l’huma, ne jurer que par la cochonaille et le salut du drapeau pour se faire le salon de l’agriculture ? Faut-il, réellement, vivre dans une bonbonnière aux tapisseries fleuries pour écouter du John Bennet, être con pour être heureux, conne pour être belle, ou une femme pour être une bonne mère ? Faut-il, sérieusement, être alcoolique pour être écossais, polonais pour être alcoolique, croire en Dieu pour faire le bien, et libre-penseur pour faire le mal ?
Non. En tous les cas, pas forcément, pas réellement, pas sérieusement. Tout comme il n’est pas nécessaire d’être un marin breton, d’aimer la San Erwann et la légende de l’ Ankou pour faire de la musique celtique. Ou d’être torse-nu et de s’en mettre plein le pif pour faire du rock.
Mais pour faire du rock celtique alors ? Pas de règles non plus ? Ne faut-il pas être un peu épileptique, un peu bourrin, un peu punk, un peu Carnacois ? Apparemment, non, mais il faut, c’est certain, aimer les carreaux, les jigs irlandaises, la déconnade et la transpiration under-kilt.
On vous présente, avec entrain et battant la mesure, Celkilt, un groupe charlendo-roannais qui voit bien du paysage et est aujourd’hui très bien placé sur la scène rock-celtique-folk : 50 dates par an, 6 albums, des tournées partout en France et en Europe, la Russie dans un mois et, bientôt, une croisière punk-rock au large de Miami, aux côtés de monstres sacrés…
Mais, sans bigouden, eau de vie de cidre et biniou dans le berceau, comment en est-on arrivé là ? Talent, rencontres heureuses, effet papillon, énergie insolente, et, sûrement, un peu de druidisme, ont catapulté 5 gaulois bien de chez nous dans un monde de kilts impertinents qu’il vous faut, absolument, découvrir, ou redécouvrir.
Et un Dieu créa Celkilt, en 7 jours, comme tout le monde
Au commencement, ils font de la musique chacun de leur côté. Ils jouent, ou non, dans des groupes locaux, ont tous l’expérience de la tournée ou du public, mais de façon confidentielle et non professionnelle. Ils sont un jour, le 4ème peut être, invités à participer à une gigantesque tournée organisée par le Bagad Avel Mor de Roanne (ensemble musical issu de l’amicale des bretons de Roanne). On est en 2011 et ils se retrouvent avec 70 à 120 musiciens sur scène, à faire des salles comme le Zénith ou l’Olympia. Disons, donc, qu’au 5ème jour, les voilà tombés bien profond dans le chaudron, contaminés sans conteste et sans retour, le sang chargé d’une potion qui ne passerait pas inaperçue sur un tour de France. Dopés à la pagaille païenne, les voilà incapables, de retour dans nos contrées, de renfiler leur pantalon. Au 6ème jour, le groupe est fondé et l’inspiration leur est envoyée. Au 7ème jour, pas de repos car il reste du taf et les kilts descendent du ciel. L’œuvre est achevée. Celkilt est né. Les fées de Brocéliande, de Galice, de Galles, de Cornouailles, de Manchester et de Liverpool trinquent bruyamment au dessus du berceau et éclaboussent allègrement nos joyeux drilles.
Ils deviennent assez vite intermittents du spectacle. Les voilà pro et l’alchimie entre modernité et tradition est un succès. Leur rock celtique, puissamment entraînant et euphorisant est un succès « héxagonal ». En 6 ans, ils totalisent 450 concerts, des festivals tout le tour du ventre, des prouesses gymniques, une activité scénique frénétique, et 6 albums, dont le dernier, « Stand », est sorti en mars 2017. Leur parcours est pour le moins bluffant et fédérateur. Depuis leur 1er album éponyme ; ils se sont fait une place de choix dans le paysage du rock celtique. Car il y bien un monde après le jazz, le classique ou le rock : il y a le rock’n kilt, une musique festive et énergique qui vous met la patate tout en vous en faisant brûler les calories.
Un quintet qui n’a pas froid aux jambes
Qui sont-ils, ces korrigans du monde réel ? Il y a, honneur aux femmes : Ana Macfive, au violon et au chant ; Loïc Macwind, à la cornemuse, au chant et à l’écriture (une plume d’ailleurs bien savoureuse) ; Titou Macfire ou Nico ( ancien des Wax et de Nao) au chant, à la guitare et aux textes ; Drick Macwater à la basse et Rem’s Macground à la batterie.
Tous différents, mais avec, bien entendu, des valeurs et des goûts communs, dont un penchant certain pour la connerie universelle, les chats, les conneries des chats, les gaudrioles et gauloiseries de tous ordres. Et si leurs paroles, toujours en anglais, sont souvent gouailleuses, explosives et persistantes, les choses sérieuses les rattrapent parfois, pour le meilleur et pour le pire. Les Celkilts, qui ont entre 30 et 40 ans, apprennent, en somme, la vie… Certains sont devenus parents, d’autres ont été directement touchés par les attentats. Alors forcément, leur dernier album, « Stand », une invitation à la résistance et à la résilience, s’en ressent. La fougue et les refrains entêtants sont toujours là, mais la nostalgie et les interprétations toutes tripes dehors s’immiscent. Après tout, un violon peut nous tirer des larmes en pleine fête, comme une cornemuse peut nous ramener à la vie en plein chant du Cygne.
Des projets XXL en plein large
Les Celkilts sont libres, indépendants à tous les niveaux (ils s’autoproduisent) et plus organisés qu’une fourmilière. Ils se déplacent à 9, leurs shows sont bétonnés et parfaitement orchestrés. Cette machine de guerre a séduit les Flogging Molly, un groupe de punk celtique américain, dont ils ont ouvert le concert au Bataclan début juillet. Tout un puissant symbole. Depuis 4 ans, les Flogging Molly organisent une croisière punk-rock de 3 jours, la « Salty Dog Cruise », durant laquelle se succède une 20aine de groupes. Cette année, elle aura lieu en avril, au large des Bahamas, et accueillera quelques pointures comme les Offspring, les Buzzcocks ou les Vandals. Seuls Européens parmi eux : un groupe allemand et nos 5 roannais en jupette à carreaux. Trois jours de pure folie, de Pura Vida, de tête dans le guidon et dans les étoiles, sur un paquebot de 2500 personnes. Ca devrait ressembler au firmament, au 8ème ciel, à la voute des cieux, pour ceux qui auront la chance, dont les Celkilts, d’y participer.
Quels que soient votre âge, votre condition physique, votre situation de famille, vos connaissances en anglais ou en légendes bretonnes, ne les ratez, de grâce, sous aucun prétexte lors de leur prochain passage à Roanne (nous attendons la date avec ferveur). Vous prendrez quoi qu’il arrive une bonne grosse claque musicale, une dose massive d’énergie rock, de gaieté celtique, et vous pourrez, enfin, mesdames, messieurs, voir sous la jupe des garçons. Si le cœur vous en dit, rdv le 20 avril à Miami sur le Norwegian Sky (pensez à amener votre maillot de bain).
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www.celkilt.com