Dans son quartier, qui n’avait rien de diabolique, lui n’avait rien d’un diable. Pas plus, en tous les cas, que n’importe quel autre enfant terrible de son âge. Son père, en grand sage trimeur et un peu « old school », n’aurait, de toutes façons, pas laissé prendre une mauvaise graine. Pas de divagation possible en dehors des heures légales décrétées chez lui. Le couvre-feu était à 18h car, NTM n’a pas inventé les grands préceptes de l’éducation, « on ne laisse pas traîner son fils si on ne veut pas qu’il glisse ».
A l’école, où ses aptitudes pour le strict minimum étaient souvent soulignées, il vivotait, gentiment dissipé, toujours prêt à faire rire, c’était déjà çà, plutôt qu’à faire pleurer. A la limite sans jamais la dépasser, avec la pitrerie au fond des yeux et la zizanie en couvre-chef. Mais à force d’insistance, ses parents méritants obtiennent finalement mieux que des bouffonneries sans conséquence. Après une période estudiantine légèrement freestyle, il cherche et trouve sa voie, son école, son cadre. Un exutoire aussi, mais ce n’était pas prévu, à la mort de son père, un antidote à la sidération, et la force de continuer.
Hilal a aujourd’hui 27 ans et met au point depuis plus de 2 ans une application, une plateforme de pronostics sportifs, Üperticks, qui, à son lancement, très prochainement, pourrait bien révolutionner le monde des paris. Le jeune homme, un temps parti pour faire carrière dans le dilettantisme, se donne à présent les moyens d’être plein d’avenir.
Hilal, comment est ce que tout ça a commencé ?
Petit, justement parce que j’adorais « faire le con », mon père me répétait quelque chose du style « ce n’est pas en faisant n’importe quoi qu’on devient quelqu’un ». Je suis le petit dernier d’une fratrie de 5, né de parents marocains. Pour mon père, la nuit signifiait les « problèmes », alors il était très protecteur avec nous. Il avait envie qu’on réussisse, et pour lui, réussir impliquait qu’on ne travaille ni avec une pioche ni avec un balai. L’idéal, c’était d’être en costume et de ne pas se casser le dos…comme lui, à longueur de journée. L’informatique rentrait parfaitement dans ses critères.
C’est pour lui faire plaisir que tu es parti dans cette filière ?
Au départ oui. Mais ça m’a immédiatement plus. Après avoir tenté la fac puis la vie active avec juste le bac en poche, je suis reparti à l’école. Une école d’informatique (CFAI Loire à Saint Etienne) qui nous apprenait à être curieux. Mon directeur de formation a d’ailleurs été le 1er, à part mon père, à croire en moi. J’ai fait mon apprentissage à Roannais Agglomération et obtenu mon BTS. Mon père était tellement fier. Après…il a fallu gérer son absence. Ma sœur Nadia m’a beaucoup aidé à convertir ma douleur en force pour me jeter dans le travail.
Comment t’est venue l’idée d’Üperticks ?
Je suis rentré à la Sopra Steria comme technicien support informatique. Mais j’avais envie d’entreprendre et j’ai toujours adoré le sport, c’est comme ça que j’ai eu l’idée de donner plus de possibilités à des parieurs de parier juste… J’ai muri le projet en dehors de mon travail et me suis entouré des bonnes personnes: Fabrice Beaujard et Rock Agnoly. Ensemble, en 2016, nous sommes arrivés 3èmes du concours de la meilleure innovation organisé par Roannais Agglomération, la CCI et ses partenaires. Nous avons obtenu un prix nous permettant le développement d’un prototype de la plateforme. Par le biais de Roannais Agglomération, et plus particulièrement de Béatrice Devaux, que je remercie, j’ai rencontré deux experts en gestion d’entreprise, Sébastien Cohas et Marion Chomat, du cabinet Ariane Gestion. Ils ont cru en mon projet et m’ont aidé à conceptualiser un business model efficace, avec des indicateurs spécifiques à notre domaine si particulier. Au delà de cet accompagnement technique, ils m’ont appris à pousser des portes et à gérer la pression de l’innovation. J’ai quitté mon poste pour me consacrer à plein temps à cette aventure et, depuis mars 2017, la cadence est donnée et je vis dans une bulle de travail.
on ne peut pas encore trop en dire, n’est ce pas ?
Pas encore, non, on est en pleine levée de fonds pour la start-up. Mais, disons que le lancement est imminent, pour 2018. On vise le million d’utilisateurs sur 3 ans et le développement d’un réseau partenaire avec l’ensemble des Bookmakers (ARJEL). Les discussions avec certains d’entre eux sont déjà bien avancées alors on fait les choses bien !! On mise sur l’avenir car c’est un marché à plus de 2 milliards d’euros qui demande des investissements financiers colossaux, afin d’être clairement et immédiatement à la hauteur. Avec le lancement de ses 3 plateformes (Android, IOS et Web), Üperticks va permettre à tous de pouvoir intégrer le monde des paris sportifs, en limitant considérablement les risques qu’ils comportent. On prévoit des tas de surprises qu’on est impatient de vous faire découvrir. Mais effectivement, ce n’est pas le moment d’en dire trop !! Tous ces enjeux m’ont donné quelques cheveux blancs, mais, quoi qu’il arrive, l’histoire est belle et signifie déjà tant pour moi…
Rendez-vous donc très bientôt, pour tout vous dévoiler…