Nous vous amenons brièvement hors des frontières du Pays Roannais, dans un haut lieu de l’exotisme forézien et du fromage à pâte persillée inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Unesco. Terre du Vizézy et de son Pont d’Argent, des cités Chavanne, des bugnes et des fleurs aux balcons, Montbrison l’est aussi de talents en tous genres. Il y a 9 ans, elle nous a passé le relais pour l’un d’entre eux, ni le plus petit ni le plus calme, puisque c’est d’ 1,88 mètre d’énergie athlétique dont nous avons hérité. Thomas Ville est, à bientôt 24 ans, meneur de la Chorale de Roanne, elle-même bien partie pour réintégrer la pro A.
C’est au lendemain d’un match remporté que nous le rencontrons. S’il ne craint personne dans les duels et n’hésite pas à montrer ses instincts de tueur sur le terrain, c’est avec une humilité et une gentillesse bluffantes qu’il s’est aventuré sur le nôtre. Aux antipodes d’un demi-Dieu, et pourtant en pleine ascension, il s’est mis, content d’être heureux, à notre hauteur. Si les hormones ou le manque de sommeil s’en étaient mêlés, on aurait presque pu verser une petite larme…touchés par un tueur cachant bien son jeu…

Thomas, tu nous racontes ton parcours ?
Je suis né à Montbrison en 95. Mon père était déjà basketteur professionnel mais, avec mon frère, on aimait aussi beaucoup le foot. Il a fallu choisir car nos parents ne voulaient pas que l’on fasse les 2 sports en même temps. J’ai commencé tout petit le basket au club de Savigneux, de 10 à 14 ans. J’ai ensuite été repéré aux sélections de la Loire et intégré le pôle Espoirs à Lyon. J’ai passé les tests d’entrée à l’INSEP (Paris), mais je n’étais pas prêt à quitter ma famille, dont je suis très proche. Et l’aventure Chorale a commencé…
Depuis 2000, tu as tout connu avec elle ?
Oui, cadets France puis les Espoirs Pro A au centre de formation, en étant interne à Albert Thomas. Mes parents voulaient que j’ai au moins mon Bac S. Après, ils ont relâché un peu la pression. En étant dans le groupe pro, comme c’est le cas depuis 5-6 ans, je n’aurais pas pu tout assumer…
D’autant plus en ce moment, où il y a une grosse pression…
Et beaucoup d’espoirs !! On est les 1ers et on espère remonter en Jeep Elite (ex Pro A). Personnellement, j’ai vraiment envie de jouer à l’étage au-dessus, c’est plus aéré, plus athlétique, il y a une vraie marche à franchir. Et j’espère que ce sera avec la Chorale, parce que je suis très attaché à ce club.
Et attaché à l’équipe ?
Oui, on est tous des vrais amis, et des vrais gamins aussi, on passe beaucoup de temps à déconner !! Beaucoup de temps ensemble aussi, tout simplement. Et c’est un plaisir. La cohésion, la solidarité, la complicité, on sait ce que c’est. Je crois que le public le sent, on a plaisir à partager avec lui. Il y a une grande humilité au sein de l’équipe.
Tu connais ton rôle pour accéder à la victoire…
Je sais que mon coach m’attend des deux côtés du terrain, que je dois aussi apporter une dimension défensive à l’équipe. J’ai été formé sur un poste de meneur, mais mon physique et mon style de jeu font que je peux aussi me repositionner sur la ligne arrière.
Le public de Roanne sera là pour vous encourager ?
Le public de Roanne est particulier, c’est bien connu dans le milieu. A l’extérieur, il se déplace et fait du bruit. A domicile, les équipes adverses savent que le public va être hostile !!! Il s’enflamme et ça nous galvanise.
Est-ce qu’il y a une vie après le basket ?
J’adore la musique, et j’écoute de tout. J’aime le cinéma, les bons restos, les sorties, même si on évite les excès. Je fais la collection de baskets…des Jordan surtout…
Tu penses déjà à l’après ?
Bien sûr, on sait qu’à 36-37 ans, ça commence à se corser, physiquement, sans parler de la fatigue mentale. Et on n’est pas à l’abri d’une blessure. J’aimerais passer les diplômes de coach. J’adore voir l’admiration dans les yeux des petits et leur transmettre ce que je sais faire. Ils nous regardent comme des Dieux, alors qu’on était à leur place il n’y a pas longtemps. On est un rêve pour eux, comme Michael Jordan, Kobe Bryant ou LeBron James le sont pour moi.
Et si la NBA t’appelle ?
J’y vais, évidemment! C’est le rêve ultime. Mais, en attendant, on va se concentrer sur le championnat et la remontée en Jeep Elite. Le top serait aussi d’ajouter la Leaders Cup à notre palmarès et de ramener le trophée à Roanne!
