BD ADO/ADULTE – Momo tome 1 et tome 2 de Jonathan Garnier & Rony Hotin – Casterman
Les années 80, en Normandie. Momo est une petite fille malicieuse qui n’a pas la langue dans sa poche. Elle vit auprès de sa grand-mère dont on peut dire qu’elle a un sacré caractère (tiens, tiens!!) qui s’occupe de sa petite fille quand le papa, pêcheur, disparaît pendant de longues périodes. Cheveux courts, sac jaune en bandoulière et bottes de pluie, Momo va vous bousculer, vous émouvoir et vous faire rire : un vrai petit tourbillon de fraîcheur. Elle va faire remonter à la surface des sentiments de l’enfance, quand l’amitié dépasse les apparences, quand les chagrins ont le goût de fin du monde, quand les victoires sur les peurs irrationnelles rendent invincibles et que les regards savent encore s’émerveiller de la beauté de la nature.
« Rony Hotin, le dessinateur, venu du monde de l’animation, privilégie les mimiques au décor rendant les personnages très expressifs, on sent l’influence des dessins animés japonais, on pense immédiatement aux personnages de Miyazaki.
Beaucoup d’émotion dans cette jolie BD qu’il ne faut pas manquer : petits et grands vont adorer ! »
BD ADO/ADULTE – Chroniques d’une citoyenne ordinaire engagée de Muriel Douru – Hugo Images
Environnement, cause animale, défense des minorités sexuelles. Avec ses Chroniques d’une citoyenne engagée, Muriel Douru appelle le lecteur à la réflexion. Elle y expose ses coups de gueule, ses joies et ses peines, dans un monde dans lequel chacun reconnaît qu’il y a des problèmes mais semble avoir les pieds pris dans un bloc de ciment. Que faire ? Sans apporter de réponse définitive, l’illustratrice met des mots et des images sur ses doutes et interrogations, nous invitant à réfléchir sur notre mode de vie. Une citoyenne qui dénonce avec justesse, humour (parfois noir) les paradoxes d’un monde violent et individualiste.
« Muriel Douru est une illustratrice professionnelle, elle a réalisé le premier livre sur l’homoparentalité à destination des enfants en France.. »
BD TOUS PUBLICS – Le premier homme de Jacques Ferrandez d’après l’œuvre de Camus – Gallimard
Le premier homme a failli ne jamais être publié. En 1960, Albert Camus meurt dans un accident de voiture. On a retrouvé, dans les débris éparpillés, une sacoche contenant 2 carnets manuscrits: Camus souhaitait en faire un Guerre et Paix sur les Français en Algérie.
Roman inachevé, publié 34 ans après sa mort, il nous laisse à voir le travail littéraire de l’auteur, sans retouches, qu’en perfectionniste Camus n’aurait pas manqué d’apporter.
« Le travail de Jacques Ferrandez transmet l’essentiel de l’œuvre en préservant des zones de mystère: la bande dessinée, toute en bleu et jaune, mer et soleil, et en sépia, raconte une ville que Ferrandez connaît tellement bien, elle permet aussi d’imaginer entre les cases, au-delà du texte et au-delà de l’image, de remplir les blancs. Le dessinateur nous plonge dans l’enfance de l’écrivain, sa relation si particulière avec son instituteur qui lui offrit la possibilité d’étudier, mais aussi, à travers l’histoire familiale du personnage (qui rejoint celle de Camus), de ces Européens venus construire une nouvelle vie en Algérie, restituant la dureté de leurs vies, leur quotidien, puis les tensions des années 50 liées à la décolonisation. Une très belle BD pour découvrir ou re-découvrir Camus. (Après L’hôte et L’étranger également adaptés par Jacques Ferrandez) »
Roman – Bakhita – Véronique OLMI – Albin Michel
Véronique Olmi nous offre un roman si émouvant et si lumineux que sa lecture vous laisse étourdi. C’est le destin d’une sainte qu’elle nous conte : la vie de cette petite fille enlevée au Soudan par des marchands d’esclaves musulmans, vendue et revendue plusieurs fois sur les marchés de Khartoum. La sidération de l’enlèvement lui fait oublier son nom : on l’appellera Bakhita « la chanceuse », parce qu’elle est belle et donc source de profit. Sa beauté ne lui épargnera pourtant pas les coups, l’humiliation, les scarifications à vif. Le cours de son destin va se renverser lorsque le consul d’Italie à Khartoum en fait l’acquisition. Cet homme, sans remettre en question l’esclavage, est touché par la modestie et la détermination de cette enfant (elle a 14 ans) et finit par céder à ses supplications : il l’emmène en Italie. Si elle échappe aux mauvais traitements, elle ne peut pas fuir son passé d’esclave, sa couleur de peau, son vocabulaire hésitant, autant d’obstacles qu’elle parviendra pourtant à surmonter grâce à une volonté que rien ne semble faire vaciller. Pourtant l’auteur sait nous faire entendre la douleur, l’arrachement à sa famille et à sa terre, sa mère qu’elle imagine l’attendant au village, sa sœur esclave quelque part, qu’elle ne peut libérer.
« La sensibilité du propos, la force de ce personnage si touchant, la brutalité et la noirceur auxquelles succèdent la douceur et la simplicité de cœur de ce personnage qui, enfin libre de ses choix, se tournera vers Dieu, font de ce roman un incontournable de cette rentrée littéraire. »
Roman – Le jour d’avant – Sorj CHALANDON – Grasset
Catastrophe de Liévin. 27 décembre 1974. Dernier accident minier en France. 42 morts : en fait, 43 car pour Michel Flavent, son frère, sorti grièvement blessé de la mine et mort quelques jours plus tard dans une chambre d’hôpital, n’est pas reconnu officiellement victime de cet accident, il ne figure pas sur la plaque commémorative qui sauve de l’oubli 42 noms mais pas celui de ce frère tant aimé. Comme une enquête, remontant le fil des évènements et cherchant à mettre un nom sur un coupable, sous l’injonction d’un père qui lui a laissé pour tout testament, une phrase : « venge-nous de la mine », Michel va porter pendant 40 ans cette culpabilité et ce désir de vengeance, jusqu’à l’obsession.
« Il faut lire le réquisitoire terrible de l’avocat général et la plaidoirie poignante de la défense dans un procès qui ne désignera jamais de coupables. Un hommage aux mineurs qui ont le charbon dans le sang, un hommage à ceux qui en meurent de cette mine, d’un coup de grisou ou rongés par la silicose, à ces hommes fiers de leur métier. Un récit puissant et prenant, avec en fond sonore les notes de musique de « Jojo », la chanson de Brel.. »
Roman – Le Sacrifice des Dames – Jean-Michel Delacomptée – Robert Laffont
Hongrie, XVIè siècle. Alors que le Royaume se trouve menacé par les volontés conquérantes de l’Empire ottoman, une jeune femme, fille d’un haut dignitaire, se confronte à un père qu’elle juge trop défaitiste, voire fataliste: « Eh bien si les Turcs doivent venir, j’apprendrai le Turc », lui confie-t-il entre deux gorgées d’eau-de-vie…. Patriote jusqu’au bout des ongles, passionnée du jeu d’échec, Judith va affiner ses stratégies tout en lisant assidument Machiavel et parvenir à provoquer une réelle partie d’échec censée bouleverser toute la diplomatie de l’Europe centrale et du Proche-Orient, afin de sauver la Hongrie d’une probable conquête.
« Le Sacrifice des Dames, c’est une écriture dynamique et enlevée, une solide documentation, qui permet à Jean-Michel Delacomptée de placer son intrigue dans un réel contexte historique, tout en dépeignant ses personnages sans concession aucune, voire parfois avec une pointe de sarcasme, qui nous les rend plus vivants, et même actuels. Un petit bijou de cette rentrée littéraire qui ne manque pas de s’inscrire aussi dans certains questionnements de notre société d’aujourd’hui. »