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Interview

Cie Vague2flow

1 décembre 2025 1 décembre 2025 Alexandra TISSOT127 views
Block Party ©Anthony Sion - Ville de Riorges - Septembre 2025-120

LES CORPS FRONDEURS

Danse Hip-Hop

Il y a plusieurs versions, plusieurs archives, plusieurs moutures, plusieurs genèses. Qui toutes sont vraies de vraies, authentifiées par la légende ou tellement fantasmées qu’elles portent en elles un bien-fondé. L’histoire écrite, d’abord, qui situe les prémices au début des années 70, dans un quartier de New York frappé de pauvreté, d’abandon, de tensions raciales et de désindustrialisation. Un quartier dont la simple évocation donne alors, et pour longtemps, autant de sueurs froides que le monstre du placard, avant de devenir en bon français synonyme de coupe-gorge ou de foutoir. Le Bronx, donc, entre délabrement urbain et violences policières, voit émerger un mouvement culturel d’un genre nouveau, un langage commun aux jeunes laissés pour compte d’un rêve américain aux relents interlopes. Un idiome résilient comme une fleur de bitume, reposant bientôt sur quatre piliers fondamentaux : le rap, soit le jeu maîtrisé de la rime et du flow, le DJing, soit la manipulation des platines et du son, le breakdanse, une danse spectaculaire comme une déflagration, et le graffiti, un art visuel urbain et subversif. Après… qui de l’oeuf ou de la poule lui a donné son nom… même la physique quantique ne pourrait trancher de manière formelle. Il se pourrait que Clive Campbell, alias DJ Kool Herc, ait inventé un soir de 1973 une nouvelle manière de mixer la musique, que Keith Cowboy, du groupe Grandmaster Flash, se soit un jour de 1978 moqué des pas cadencés des soldats en faisant « hiphop-hip-hop-hip-hop », que la chanteuse et productrice de RnB, Sylvia Robinson, ait découvert le rap un an plus tard lors de la prestation ultra rythmée de Lovebug Starski, lequel aurait électrisé les danseurs en scandant « hip-hophibbedy-hop », qu’elle n’aurait pas réussi à le faire signer sur son label et aurait monté un groupe de toutes pièces, The Sugarhill Gang, pour sortir la même année le premier tube de l’histoire du rap, un semi-plagiat donc, « Rapper’s Delight » et son célèbre « I said a hip, hop, the hippie, the hippie to the hip-hip-hop, you don’t stop the rock »… Il se pourrait aussi que la dénomination de cette culture urbaine vienne de l’association de hip, signifiant à la mode, et de hop, évoquant un saut ou un mouvement de danse. Pas déconnant.
Quant à ses racines profondes… l’histoire de l’humanité n’a jamais connu de terreau plus fertile que l’inégalité pour faire germer un noyau révolutionnaire. De la vilénie de l’esclavage à la fraude de son abolition, des lynchages à la ségrégation, de l’indigence au déterminisme social, de Rosa Parks et son « non » à Aretha Franklin et son parcours militant… le Hip-Hop vient du fond des âges pour traduire en culture plurielle l’injustice, l’exclusion, la différence, chantée parfois pour en faire ses louanges, honnie souvent pour la maintenir à distance.
Vague2flow, compagnie roannaise de danse Hip-Hop, transpose justement ses valeurs humanistes en mouvements et invente son propre carburant pour nourrir l’énergie vertueuse de sa scène. Fred, danseur/chorégraphe, alias Choco depuis son amour des BN, et Bassoiri, danseur/ interprète, nous livrent ici leur histoire, et celle de pas insoumis qui font la gravité apprivoisée. Bienvenue dans l’éloge de la différence, de l’affranchissement ou de l’équilibre fragile. Bienvenue dans cette poétique du vivant, portée par des B-boys (danseurs hip-hop) engagés qui sont l’antithèse incarnée de clichés bien armés.

Fred, comment est née ton histoire avec le hip-hop ?

– J’ai grandi dans le quartier Corneille à Mably et c’est là que j’ai découvert la danse hip-hop, à 15 ans. J’en ai 42 aujourd’hui, ça commence à être une longue histoire. Je me suis impliqué dans les asso de quartier et en 2001 j’ai participé à un chantier humanitaire au Burkina Faso, où j’ai donné des cours d’initiation. Et…hop, c’était parti, il fallait que j’articule ma vie autour de çà. En 2003, j’ai quitté Roanne pour Lyon et j’ai rencontré la Pockemon Crew. Je me suis entraîné avec eux et j’ai participé à des battles de rue (compétition entre danseurs qui échangent des passages spontanés), dont le Battle of the Year de Montpellier. Je me suis spécialisé en breakdance/bboying et, de retour à Roanne, j’ai rejoint la troupe des Melting Potes, devenue depuis Nomade, en tant que chorégraphe interprète, tout en continuant les battles. En 2011, j’ai ouvert un studio de danse à Roanne, le premier dédié à la culture hip-hop, puis, en 2012, j’ai intégré la Very Bad Team, une formation qui tourne à l’international. Avec elle, j’ai participé aux émissions Meilleure Danse sur M6, et Britain’s Got Talent sur une chaîne anglaise. Mais j’ai réalisé que c’était difficile de concilier démarche artistique et TV. En plus, j’allais être de nouveau papa. J’ai donc décidé, en 2017, de monter ma propre compagnie, en accord avec les valeurs hip-hop.

La Cie Vague2flow, donc. Une vraie gageure non ?

– Oui, mais il le fallait, autant pour se structurer que pour pouvoir s’exprimer librement. C’est vrai qu’il est difficile de rémunérer des danseurs professionnels, surtout au début, mais le participatif joue un grand rôle. Et la première création, « Roger », avec 4 danseurs sur scène dont moi, a eu de très bons retours.

Pourquoi « Roger » ?

– Parce que c’est un prénom passé de mode, moqué, et que le premier sujet traité était justement celui du rejet dont peut souffrir une personne en décalage ou différente. En 2018, je l’ai proposé en format plus long, avec 4 danseurs et une danseuse. Une œuvre chorégraphique appelée R2Jeux qui a été diffusée sur plusieurs festivals. C’est là que Bassoiri nous a rejoints.

Bassoiri, justement… tu es originaire de Mayotte et on aimerait savoir ce qui t’a amené au hip-hop d’une part, à Roanne d’autre part ?

– J’ai commencé à 16 ans, l’année du bac, après avoir arrêté le foot et vu le film Street Dancers. J’ai vite accroché et j’ai monté un groupe… on s’entraînait dans la rue, à l’ancienne sur des cartons, et ça interpelait beaucoup les gamins, qui sont malheureusement plutôt désœuvrés. J’ai participé au Battle of the Year de Mayotte, et j’ai continué les battles à Toulouse, où je suis parti faire mes études. J’ai rencontré un ancien danseur de « Roger » et j’ai découvert que la Cie Vague2flow était la seule en France à proposer des entraînements tous les jours… c’est ce qui m’a décidé. Avec Fred, ça a matché tout de suite en terme de valeurs. On a dansé ensemble pour R2Jeux et, même si j’ai poursuivi mon cursus par sécurité, les choses se sont enchaînées.

Avec le spectacle « Dys » notamment ?

– Fred : oui, c’est d’ailleurs la création qui nous a permis de nous professionnaliser et d’accéder au statut d’intermittent, avec une trentaine de dates en 1 an. « Dys » pour dyslexie, un trouble du langage écrit dont un de mes 3 enfants et moi-même souffrons. Je connais bien les difficultés et la mise à l’écart engendrées et j’ai voulu, par la danse, inverser la vapeur, transformer les dysfonctionnements en alliés méritants. Le langage est écrit par le corps, qui dépasse ses limites.

– Bassoiri : moi, je n’avais jamais entendu parler de dyslexie à Mayotte, et je me suis rendu compte que j’avais fait partie des censeurs. Une danse engagée peut éveiller les consciences, et c’est ce que nous avons voulu faire en jouant ce spectacle à Mayotte.

Et ensuite, il y a eu « Energie’s Libres », en 2024. Une façon d’inciter à un changement durable ?

– Fred : c’est l’idée, puisque c’est une création chorégraphique mêlant hip-hop et technologie low-tech, où les danseurs produisent en direct l’énergie nécessaire au spectacle avec des dispositifs mécaniques et électromagnétiques intégrés à la scénographie. L’effort physique et la sobriété énergétique sont transformés en moteur artistique, esthétique et écologique. Cette création a d’ailleurs été sélectionnée pour être présentée au festival d’Aurillac de l’été dernier.

Soit des créations toujours porteuses de messages forts. Qu’en est-il de la dernière, « Unchained », qui sortira en 2027 ?

– Bassoiri : Unchained est née d’une rencontre entre artistes français et tanzaniens, d’une envie commune d’interroger nos chaînes, qu’elles soient héritées de notre histoire ou inhérentes à nos vies modernes. Je suis, comme Fred dont les origines se situent en Guadeloupe, un descendant d’esclaves, et j’ai connu, comme beaucoup d’autres, les emplois précaires et serviles pour payer les factures. On a donc voulu, à travers un langage chorégraphique, faire dialoguer les mémoires, les corps et les voix, pour transformer les blessures en puissance, et la puissance en émancipation. L’idée est aussi de jouer le spectacle en simultané en France avec la Cie Vague2flow, et à Zanzibar, avec la formation SixUnit.

Combien êtes-vous dans la compagnie et comment vous répartissez-vous les rôles ?

– Fred : nous sommes 4, et tous assez polyvalents. Romain est danseur interprète, comme Bassoiri qui se charge également de la com et des appels à projet. Ma compagne, Nadège, s’occupe de tout l’administratif et moi je suis à la fois chorégraphe et interprète. Je gère aussi la mise en scène, le décor et la création musicale.

Quelle est votre vision de la culture hip-hop et de ses racines ?

– Fred : pour moi le hip-hop, c’est la culture des cultures, et de la culture découle un pas, qui invite au dépassement de soi. C’est un mode d’expression né dans l’adversité, une forme de résistance, bien loin du cliché tenace de défouloir violent pour racaille. Le hip-hop, c’est la diversité qui rassemble et qui s’élève contre les injustices sociales, ce sont des valeurs humanistes qui viennent des champs de coton, c’est une créativité qui emprunte au Gospel, au Blues, au RnB, à la capoeira, au Kung-fu, à Woodstock, aux Black Panthers, à la culture irlandaise, russe, latine, etc. C’est réellement un condensé de cultures.

– Bassoiri : avec le respect comme code principal. C’est une manière pacifique d’exprimer sa réalité, en s’adressant à tous les publics.

La Block-Party de septembre à Riorges s’inscrit justement dans ces valeurs…

– Fred : oui, bien sûr, parce que c’est un évènement fédérateur et gratuit, dans la tradition d’une Block-Party qui, à la base, est une fête de quartier entre 2 barres d’immeubles. La Ville de Riorges en est à l’origine et, depuis 3 ans, nous la coorganisons avec elle. C’était la 5ème édition cette année et elle devient un rdv attendu quel que soit l’âge, le genre ou l’identité culturelle. Et c’est çà le message : venez, comme vous êtes, découvrir la culture hip-hop, tout ce qui gravite autour, la danse, les battles, le beat box, le graff, etc. C’est joyeux, familial, convivial, aux antipodes des clichés.

Que peut-on vous souhaiter ?

– Bassoiri : de pouvoir développer une structure culturelle, sociale et éducative au nord de Mayotte à Dzoumogné, afin de proposer une autre dynamique aux jeunes mahorais, de lutter contre les préjugés et de rapprocher les gens.

– Fred : d’avoir toujours, à travers le hip-hop, un espace de liberté et de réflexion. Cet art me permet de poser un regard critique sur la société, mais aussi d’y trouver ma place et d’y faire entendre ma voix. Dans l’avenir, j’aimerais que cette culture garde sa force d’unification, qu’elle brise encore plus de barrières et qu’elle ouvre des dialogues nécessaires. Pour moi, le hip-hop est et restera un moteur d’évolution, capable de changer les mentalités et de donner à chacun la possibilité d’exister pleinement.

06 36 95 77 71
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Alexandra TISSOT1 décembre 2025

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