A portée de bouche
Là, vous ne verrez aucune marmotte emballer quoi que ce soit, ni d’orangs-outans fondre comme neige au soleil. Encore moins de palmeraies industrielles où les écureuils doivent bosser dès leur plus jeune âge, et pour peanuts, dans des effluves toxiques et lipidiques. Longtemps, on s’est tous levés pour fourrer nos crêpes à ce qu’on croyait être de l’eau de rose, sans savoir vraiment que nous faisions allégeance aux graisses saturées qui, en plus d’être sous la férule du mauvais cholestérol, flinguent la biodiversité. Bref. On pensait manger des noisettes et du chocolat. On s’est faits, comme les grands singes que nous sommes aussi, bananer.
Et quand bien même l’écologie ou les conditions de travail dans les plantations lointaines ne seraient pas votre tasse de thé… que faites-vous du goût pour vous en payer une bonne tranche? Si vous n’avez pas non plus d’égards pour vos papilles, il vous faut en avoir pour nos petits pains, nos biscottes, nos brioches, nos croissants, nos doigts même ! Dans le pays de la gastronomie, on ne peut pas mélanger, comme ça, les torchons et les serviettes. Quittes à être dépendants d’une pâte à tartiner, sous l’emprise de substances chocolatées, annexés par le beurre de cacao ou asservis par le beurre de cacahuètes, autant l’être en toute bonne conscience, le corps sain dans un esprit sain. Alors là, oui, soyons d’obédience hédoniste et allons-y à pleine cuillérée !
Roland Charles, chocolatier, créateur de la marque Charles Chocolartisan, a réussi le pari fou de faire de la pâte à tartiner, naturelle, artisanale et sans huile de palme, un produit unique, iconique même, et déclinable à souhait. De ce reportage, nous sommes revenus avec un stock conséquent de bonheur à laisser fondre en bouche, que, confiants, nous pensions fait pour l’année. C’était sans compter l’accoutumance immédiate, l’appétence pyramidale et le goût insolent de ces recettes sataniques. Alors on a pris perpèt, et nos jolis petits pots n’ont pas passé Noël. « Moins consommer mais consommer mieux », qu’ils disaient. Ben voyons. Ne vous faites pas avoir, ou vous allez, comme nous, déguster.
Du chocolat à la Pâte à Tartiner
Roland Charles, 37 ans (c’est presque le plus vieux de la bande !), est né dans une famille de fins gourmets, qui, de leur passion, ont fait leur métier. Avec des parents traiteurs, des grands-parents bouchers, il décide d’adoucir la collection en devenant chocolatier. Il ouvre sa chocolaterie traditionnelle en 2005 à Saint-Etienne et, après avoir testé ses premières recettes de pâte à tartiner sur des cobayes bienheureux, opte pour une odyssée gourmande et exclusive : il créé en 2009 la première chocolaterie française consacrée à la pâte à tartiner. Son but ? Montrer qu’il est possible d’offrir une alternative locale, saine et innovante à la marque dont nous ne prononcerons pas le nom. Comme Voldemort. Pour ne pas la faire apparaître. Car oui, Charles Chocolartisan propose des recettes sans huile de palme, sans conservateurs, sans additifs chimiques, sans arômes artificiels, soit une version naturelle et gourmande traçable de la récolte des matières premières à la tartine. Et c’est seul que Roland commence l’aventure du goût à la française, allant de salons en salons, de fines bouches en becs experts. Il rencontre d’ailleurs la plus célèbre des savoyardes gastronomes, Mercotte (après Gégé bien sûr), qui, conquise par ses recettes, en devient la marraine. C’est à ses côtés qu’il a fêté en 2019, auprès de son équipe de 30 personnes désormais, les 10 ans de sa prodigieuse histoire, et l’obtention en 2018 de son titre de Maître Artisan Chocolatier.
Une fabrication 100% Française, des valeurs 100% durables
Le site de production de Charles Chocolartisan se situe à Civens, juste à côté de Feurs. Toutes les recettes y sont réalisées de façon artisanale, avec des matières premières issues de l’agriculture française chaque fois que cela est possible, ou de filières équitables. C’est le cas pour le cacao, difficile à faire pousser en France, ou les noisettes, qui proviennent du sud de l’Italie, d’une coopérative qui reverse ses profits aux familles locales. Le sucre vient du Nord de la France, les châtaignes bios d’Ardèche, comme les galettes Vendéennes de Vendée, les huiles essentielles bios de Verrière-en-Forez (Abiessence), le lait des Pays de Loire, les pots et emballages d’Andrézieux, etc. Charles Chocolartisan fait intervenir au maximum des acteurs locaux et recherche quoi qu’il en soit des artisans ayant un cahier des charges similaire au sien. Il emploie volontiers des gens natifs de la région et forment des étudiants en alternance, dont l’apprentissage a souvent tendance à se pérenniser in situ. Son équipe est jeune, dynamique, aussi passionnée que lui, et son projet entrepreneurial prend des allures de contrat de confiance, de celui qui laisse sa chance à tout le monde. Charles Chocolartisan sensibilise également le grand public en organisant des visites de ses ateliers, des démonstrations et, cela va sans dire… des dégustations.
Oui, très bien, mais qu’est-ce qu’on mange ?
Chez Charles Chocolartisan, il y en a pour tout le monde, y compris pour les gourmands soumis à des contraintes alimentaires : sans sucre, sans noisettes, sans arachide, sans lait, ou encore sans gluten… la pâte à tartiner s’adapte aux goûts, et aux problématiques de chacun. La gamme présente une quinzaine de recettes permanentes, ainsi que des éditions limitées renouvelées chaque mois. Lisse ou avec morceaux, craquante ou pétillante, au biscuit croquant ou au beurre de cacahuètes, au caramel ou à la pistache, avec ou sans chocolat… la pâte à tartiner se réinvente sans cesse, et l’équipe inspirée n’a pas encore connu l’angoisse de la tartine nue. Vous pouvez retrouver tous les produits Charles Chocolartisan sur le site www.pateatartiner.fr et dans diverses épiceries fines de partout en France, dont à Roanne bien entendu. Outre son magasin d’usine à Civens, la marque vient d’ouvrir deux boutiques dédiées dans la région : une à Saint-Etienne Monthieu, l’autre à Montbrison. Sa recette « Nutôloire », au caramel Forézien et aux noisettes torréfiées maison, a été médaillée aux International Chocolate Awards de 2019. Avec ses saveurs de chouchou des plages, elle part, comme les autres, à la recherche du temps perdu, celui de l’enfance, du doigt dans la confiture, des bonbons explosifs engloutis en cachette, des chocolats chauds pleins de l’écume des jours, de nos moustaches cacaotées, et des cuillérées coupables mais jubilatoires de pâte à tartiner… On a 10 ans et, après tout… que peut-il nous arriver de mieux ?

19 rue Tupinerie, ouverte du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 19h, le samedi de 9h à 19h.
09 75 57 43 50
Magasin d’usine de Civens :
2260 route de Roanne, ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 19h, le samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h
04 77 26 86 51
Mail : magasin@patatartiner.fr / Réseaux : Facebook – Instagram
www.patatartiner.fr