Pour la première fois, c’est un peu endimanchés que nous y allons, avec au ventre une heureuse impatience. Une première fois, ça compte, celle là comme les autres. Alors nos hôtes ont fait les choses bien. On a plongé dans le spectacle comme dans un bain de champagne, sans vraiment savoir si c’était comme on le disait. On s’attendait à voir un peu de Paris en bouteille, et on l’a vu. On vous raconte cette première fois qui a eu, on l’avoue parce que c’est avouable, un petit goût de «reviens-y» et de plaisir pas le moins du monde interdit.
ET LA LUMIÈRE FUT
Le cabaret l’Elégance donne aujourd’hui le plus grand spectacle de cabaret de toute la région Rhône-Alpes-Auvergne. Les trois associés en ont eu l’envie puissante en 2014. Parce que sans une envie et une folie hors du commun, une réalisation aussi monumentale est impossible ne serait-ce qu’à envisager. Ils sont tous les trois Roannais et nourris très jeunes
au sein du spectacle. Quand on ouvre enfant les yeux sur un monde de paillettes, difficile de se projeter adulte dans la vie de Monsieur Tout Le Monde. Et nous n’avons pourtant rien contre lui. Alors l’atavisme frappe et le milieu artistique les attrape et les garde. Les petits poulbots de la Loire deviennent producteurs de spectacles itinérants. Ils roulent leur bosse et se ramassent 20
ans d’expériences, de sons et lumières, de costumes, de flonflons, de numéros et de vie de patachon. L’un d’entre eux, Frédérick Arno, celui à qui nous devons ces confidences, se fait même propulser sur scène par la main du destin, dont les voies sont parfois pénétrables, et ne la quittera plus après y avoir poussé ses premières vocalises.
Quand les sirènes de la sédentarité commencent à les séduire, c’est dans leur région, qui par un heureux hasard est aussi la nôtre, qu’ils décident de poser leurs valises. Ils veulent faire du Music Hall, du vrai, comme à Paris, au Royal Palace ou encore à l’Ange Bleu, et décident de s’en donner les moyens.
Les quatre murs de ce qui est aujourd’hui leur cabaret leur sont livrés dans le plus simple appareil en juin 2015. La première représentation est prévue pour le trois octobre. Amis de la pression, bonsoir! Il faut au moins une âme de rêveur pour y croire car il y a tout à faire. Pendant quatre mois, l’équipe travaille sans discontinuer et avec, probablement, beaucoup de caféine. Le spectacle est écrit mais il faut le répéter le jour et, la nuit, faire de cet endroit à Renaison un cabaret mémorable. Entre chien et loup, l’artiste se fait peintre ou plâtrier.
Le 3 octobre 2015, l’alchimie opère et le rideau se lève alors que la peinture sèche encore. Le cabaret l’Elégance pousse son premier cri avec la revue du même nom. Une revue qu’on ne peut pas déplacer et créée donc uniquement pour le lieu. Des moyens techniques époustouflants sont mis en œuvre, la scène fait 200 m2 et avance au cœur du public, ce qui est totalement novateur.
17 mètres d’ouverture sur 12 mètres de profondeur et un écran led de 17 mètres. Le ton est donné, la barre placée, les bouches bées, et la vieille tradition française déterrée et dépoussiérée. Trois à quatre représentations par semaine, des soirées à thème, des tributes, 450 places assises, pour un dîner spectacle ou un spectacle seul et surtout : du rêve, de l’éclat, de l’énergie, de la poudre aux yeux, de l’adorable désuétude et des jupons qui s’envoient en l’air…
Bref, ils ne sont pas là pour déconner…
QUAND LE RIDEAU SE LÈVE
On ne peut décidément pas tout vous dire: la surprise doit rester presque entière. Le spectacle de l’année dernière était très cabaret sur chaise, queue de pie, chapeau claque et french cancan. Celui de cette année, « Ivresse », est sur fond de cinéma mais ressuscite aussi les classiques du Music Hall. Quelqu’un nous raconte une histoire et nous fait voyager au travers de scènes connues.
Seize artistes sont là, qui paraissent des dizaines. Vous verrez 30 00 strass, 8000 plumes, des acrobaties, du feu, un piédestal, des piédestaux, une robe de 120m2, des guitares électriques, des drôles d’oiseaux, des belles de nuit et des joyeux drilles.
Le show est surprenant, il fait ressurgir un temps où mener une vie de bâton de chaise était monnaie courante, la belle époque où le cabaret était un point fort de la culture populaire ou bourgeoise. Seule différence : on est loin, en terme d’ambiance, de l’ivrognerie des lieux de débauche de cette belle époque. Certains le regretteront peut-être : sachez que vous n’allez pas dans un lupanar. Mais bien à Paris, à Broadway, les yeux écarquillés sur un spectacle exquis, parfois un peu irrévérencieux, mais on ne serait pas tout à fait au cabaret si ce n’était pas le cas.
On y retournera, histoire de voir encore sous les jupes des filles et pour recompter les plumes. On ne serait même pas étonnés de croiser Lautrec (enfin… un peu quand même) et d’admirer avec lui cette jolie java jusqu’aux premières lueurs du jour…
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Adresse : Rue Robert Barathon – Renaison