Un premier album : « the walk »
C’est un contemplatif. Un songeur romantique, et déjà légèrement nostalgique, qui, en d’autres temps, aurait peut-être écrit quelques vers mémorables sur « les agitations et les mélancolies de la jeunesse moderne ». Entre spleen et idéal, comme Baudelaire avant lui, cet amoureux contemporain n’a cependant pas écrit de concerto déchirant ni versé dans un lyrisme sous absinthe. Pas de paradis artificiel, pas de neurasthénie à se faire hara kiri, pas de pont Mirabeau, pas de requiem à faire chialer Léo Ferré. Il a cependant un idéal, vivre de sa passion et dispose des armes de sa jeunesse talentueuse, prolifique, contagieuse. J’écoute d’ailleurs ses titres, aériens et hybrides, en écrivant ces lignes. Les papillons noirs d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient, car j’ai davantage envie d’un cocktail sur des airs de zéphyr, que d’aller voir ce qui se passe au fond du trou. C’est une rêverie à l’état pur, celle d’avant la bringue, quand la nuit est encore jeune, celle qui a la vie devant elle, et attend tout de ses sirènes. NEZZY est musicien. NEZZY est roannais. NEZZY a 20 ans. NEZZY vient de sortir son 1er album de musique électronique à l’inspiration plurielle: « the walk ». Bienvenue à tous dans le monde du streaming, du featuring, du clubbing, du deejaying, de la bassline, des covers, de tous ces acronymes et termes techniques devant lesquels même le jargon aérospatial ne fait pas le malin. C’est vrai, dans la jungle électro, certaines générations se retrouvent sur le carreau. Mais pas besoin d’être ornithologue pour apprécier le chant des oiseaux. Alors bienvenue à tous, sans limite d’âge surtout, dans le monde de NEZZY, où « les instruments et les sonorités analogiques jouent un rôle clé, avec le piano et la guitare en guise d’exhausteurs de créativité ».
La French Touch est un courant musical, un vrai, proclamé français dans les années 90, avec l’avènement de la scène électro parisienne et le génie de ses représentants, casqués pour certains. Daft Punk, Etienne de Crecy, Bob Sinclar, Air,Saint Germain, Laurent Garnier ou encore David Guetta portent le blason de cette « house » à la française, de cette « French Hype », de cette « Baguette Beat ». Et si NEZZY était le prochain à créer un « all time classic » qui serait encore remixé dans 20 ans ? Repéré, déjà, sur la scène internationale, ce musicien et créateur précoce, acharné, presque obsessionnel, est en tous les cas bien parti pour incarner la French Touch 2.0. Cet artiste, qui est sur toutes les plateformes, a enregistré en juin sa première performance live au théâtre de Roanne (à visionner sur You tube). Sur cette scène à l’italienne, on peut voir que, quel que soit le support, quelle que soit la matière, et quel que soit le genre, quand le brio est là, les grands esprits de tout âge se rencontrent.
Bonjour NEZZY… d’ailleurs, pourquoi NEZZY ?
Mon prénom est Lucas, mais mon frère m’a toujours appelé Nezz. ça s’est transformé naturellement en NEZZY pour la scène.
Comment a commencé ta passion pour la musique électro ?
Mon père est musicien amateur, et il m’a toujours fait écouter, entre autres, de la musique électro. Je n’ai pas mis longtemps à être attiré par les instruments qu’il y avait à la maison. A 6 ans, j’ai commencé la guitare, tout seul. Pareil avec le piano, la basse, la batterie. Je n’ai jamais pris de cours mais c’était mon truc. Et je me suis mis à composer. Dès l’école primaire, en rentrant des cours. Puis j’ai découvert un site gratuit en ligne, et j’ai passé des heures à mixer dans ma chambre, pour rigoler. A 10 ans, j’avais mon casque, mon ordi et je faisais une compo tous les soirs. Petit à petit, c’est devenu plus sérieux. J’ai installé FL Studio, un logiciel de production de musique, afin de travailler sur mes premières compositions et de laisser parler ma créativité. J’ai beaucoup appris sur Youtube aussi, je fais partie de cette génération. J’ai composé très vite mes premiers titres. Et fatalement, ado, j’ai commencé à rêver d’une carrière musicale.
Qu’est ce que tu trouvais dans la musique ?
Je suis à l’aise avec la création et je ne me voyais pas travailler dans un bureau. Je suis d’un naturel assez introverti, plutôt rêveur et romantique. Mes potes d’ailleurs m’appelle « lover »… Avec la musique, tout est fluide, tout est possible. C’est le meilleur moyen d’expression que j’ai pu trouver.
Mais comment passe-t-on d’un hobby après l’école à un projet professionnel ?
Déjà, en travaillant beaucoup. En se démarquant, aussi. J’ai vite eu besoin d’ajouter de la complexité à mes créations. Le fait que je sois musicien m’a permis d’inclure des instruments, des vraies mélodies aux sons électro. Voire des sonorités analogiques. J’entends un bruit et…je veux en faire quelque chose. Du coup, il n’y a pas de limite à la créativité. Ma musique ne se base pas que sur ma dextérité avec la souris. Il faut trouver le bon équilibre. En 2016, j’ai partagé un titre original sur Soundcloud (plateforme de distribution audio), et j’ai été contacté par le producteur bordelais Coopex, puis par les puissantes chaînes Youtube « Trap Nation » et « NCS », qui m’ont mis en avant. En l’espace d’un an, j’ai dépassé les 600 000 vues, puis les 2 millions avec le titre suivant… Ces premières expositions, dont les écoutes sur Spotify, m’ont permis de toucher beaucoup de monde, aux Etats-Unis, en Inde, au Mexique…
Et tu as décidé d’en faire ton métier…
Oui. J’ai toujours été soutenu par mes parents, qui sont mes premiers fans, et ma mère m’a inscrit après le bac, en 2019, à l’UCPA de Lyon, une école de DJ dédiée à l’animation musicale et scénique. La seule qui soit diplômante. Même si l’animation n’est pas dans mon ADN, car le public n’est pas forcément là pour ma musique, cette formation en apprentissage m’a permis d’être plus « hybride » dans ma création, de trouver le bon dosage entre des sons club, la fibre dansante, et ma sensibilité.
C’est dans cette école que tu as rencontré Ludovic Rambaud, ton manager ?
Oui. Et ça a été une rencontre décisive. Il a cru en moi tout de suite, sans savoir que j’étais, comme lui, de Roanne. Nos origines communes sont vite devenues un plus dans notre collaboration. Il m’a permis de me professionnaliser, de prendre confiance en moi. Il m’a trouvé 2 labels super importants, Armada et Soave, et m’a convaincu de travailler sur mon 1er album. En juin 2020, on a choisi cette deadline un peu folle du 28 juin 2021, jour de mes 20 ans, pour le sortir. Entre temps, ça a été énormément de travail. Avec des moments de doute, car je suis un éternel insatisfait, mais aussi des trucs de dingue, comme lorsque la légende Timbaland a complimenté ma musique et l’a recommandée à Apple.
Quelles ont été tes influences pour cet album, et pour ta musique en général ?
J’ai été bercé par pleins de genres musicaux différents, du rock, du hip-hop, du jazz, et je ne me cantonne pas à écouter de l’électro. D’ailleurs, pour l’inspiration, c’est capital. Mais dans ma catégorie, je dirais que mes influences principales sont San Holo, le premier à avoir fait fusionner la guitare et l’électro, Kasbo, ou encore DJ Snake. Et quand je compose, je ne pense à rien, je suis comme en immersion, dans le ressenti, dans mon mood du moment. Mais je suis un perfectionniste, et je reviens beaucoup, beaucoup, sur ce que je produis.
Comment fais-tu pour les voix, et avec quel matériel travailles-tu ?
Je travaille toujours dans ma chambre, avec mon ordi, ma guitare, et mes enceintes pour un rendu sonore plus esthétique, plus affiné. La prochaine étape, c’est le studio, qui sera mieux insonorisé ! Pour les voix, je travaille en « collab » à distance, avec des chanteurs du monde entier. Il y en a 4 sur mon album : Tim Schou, Joanélia, Allison et Tanaka X. On s’échange des fichiers et on fait plusieurs allers-retours avant de finaliser le morceau ensemble.
Cet album est dématérialisé, pourquoi ?
En tant que jeune artiste, je me suis développé grâce aux plateformes de streaming. La musique s’écoute avant tout en ligne, de nos jours, surtout pour les gens de ma génération. Et puis il faut dire aussi que mon audience se situe plus aux Etats-Unis, en Inde, au Brésil et en Allemagne que par ici… C’est la magie d’Internet, pouvoir toucher des auditeurs aux quatre coins du globe. Du coup, une distribution physique ne s’imposait pas et cela reste coûteux à fabriquer. Sur ce projet, nous sommes en autoproduction, donc indépendants. Ce premier album, c’est comme une rampe de lancement, l’occasion d’étaler mes différentes facettes en tant que musicien.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Continuer à développer mon profil, faire d’autres live, surveiller les stream, composer, composer… Et, qui sait, peut-être m’exporter si ça marche… Cette musique n’a pas de connotation géographique.
Comment s’est passé ton premier live, en juin, au théâtre de Roanne ?
J’appréhendais parce que je ne suis pas encore à l’aise avec ce genre de choses. C’était mon premier Live et j’étais enregistré, dans un décor à couper le souffle. C’est un exercice très différent de ce que je fais dans ma chambre derrière mon ordi. Mais, bizarrement, une fois dans ma bulle, j’ai vite oublié les caméras. Et je me suis dit que ça devrait être encore mieux avec du public.
Depuis la sortie de ton album, qu’est ce qui a changé ?
Le jour de la sortie, ma famille et mon manager m’ont fait la surprise de m’offrir quelques CD et un vinyle unique. C’était magique de concrétiser l’album avec ces beaux cadeaux. Je reçois beaucoup de messages sur les réseaux sociaux, la plupart du temps positifs, au sujet des titres de l’album. Les gens apprécient mon côté éclectique et me disent que l’album s’écoute facilement, que c’est un vrai voyage. Ca me touche et me conforte dans mes choix. Ce qui a changé, c’est que je peux enfin espérer le jouer en Live avec la reprise des événements cet été. Je sais aussi que mon manager est en train de travailler sur mes premières dates en France, avec en vue un premier vrai Live à Roanne, sur la scène du Grand Marais. Je crois que la date n’est pas encore sûre à 100%, mais ça devrait être le 26 octobre. Cet album est donc le début d’une belle aventure et j’ai hâte de pouvoir maintenant aller au contact des gens qui m’écoutent.
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