Nappeurs universels
Il y a des choses, parfois, qui ne s’expliquent pas. Comme la sensation d’une force extérieure diffuse, d’une présence impalpable, d’une vérité surnaturelle. Une autorité qui lie les hommes entre eux, une sève qui nourrit leur histoire commune, un courant qui les porte. Tout mysticisme (ou spiritualité) mis à part bien sûr, nous avons trouvé en plein cœur de la plaine du Forez une composante essentielle de l’alchimie universelle : les Caramels Nigay qui, comme le sucre dans le lait chaud, ou Dieu pour les croyants, sont partout incognito. Du cola français au coke américain, du Flanby à l’auto-bronzant, des croquettes de Rocky aux boissons énergisantes de Balboa. De partout, on vous dit. Certes, ils n’ont pas inventé le caramel, dont la découverte reviendrait plutôt aux Arabes aux alentours du VIIème siècle, après avoir conquis la Perse et fait main basse sur ses récoltes de cannes à sucre. Et de la canne à sucre au caramel… il n’y avait qu’un pas, grâce alors à l’inséparable duo main-d’œuvre bon marché/esclavage. Nos conquérants le franchirent allègrement, puis optimisèrent la purification du sirop de sucre pour obtenir un liquide brun foncé et odorant auquel ils donnèrent le nom doucereux de « Khurat Al Milh » ou boule de sucre. Longtemps, le « Khurat Al Milh » resta un secret bien gardé sur la péninsule arabique.
Jusqu’aux Croisés, qui ne manquèrent pas de mettre le doigt dans cette confiture orientale et de la rebaptiser… caramel. Dès le IXème siècle, la canne à sucre fit son apparition dans le royaume arabo-andalou du Sud de l’Espagne, puis dans les îles de Malte, Chypre, Crète, et en Sicile. Alors enfin, l’Occident put sucrer ses fraises et rajouter du beurre salé, non pas dans ses épinards, mais dans son caramel. Par Occident, entendons les riches. Les très riches, car le sucre demeura longtemps une denrée de luxe. Ce ne fut qu’en 1757 que le chimiste allemand
Marggraf découvrit le principe sucrant de la betterave, et en 1811 qu’apparut la première usine de transformation de la betterave sucrière en France. Plus tard, très exactement le 2 janvier 1812, Benjamin Delessert, jeune botaniste et industriel français, réussit à fabriquer du sucre de betterave après de longues années de recherches. Le sucre attendit donc la fin du XIXème siècle pour se démocratiser et dégouliner en caramel sur les desserts du monde entier. Et, accessoirement, faire de la France le 2ème pays producteur de betterave sucrière.
De la fécule de pomme de terre au caramel
L’histoire de la société Nigay débute en 1855, lorsque l’arrière-arrière-grand-père, Jean-Marie Nigay, des actuels dirigeants, Henri et Yves, reprend une féculerie de Roanne, Petite rue des Tanneries (davantage associée aujourd’hui à la recherche de cholestérol qu’à la pomme de terre). Son activité étant liée à l’extraction de l’amidon et, donc, à la pomme de terre, qui nécessite beaucoup d’eau, il décide de s’installer d’abord à Mornand-en-Forez, puis à Feurs, où la voie ferrée arrive. En 1910, à la féculerie s’ajoute une glucoserie, et ainsi va la vie sur plusieurs générations. Mais en 1960, et à la suite d’une grande sécheresse, la culture de la pomme de terre est abandonnée dans la région au profit de la polyculture/élevage. François Nigay, père d’Henri et Yves, doit alors choisir entre déménagement et « reconversion ». Son attachement au Forez l’emporte et le caramel… coule de source. Il rachète la société familiale « Mombron et Bon », fabricant parisien de caramels aromatiques et colorants. Il récupère ainsi le savoir-faire et la clientèle de Melle Bon qui cherche alors une succession. En 1973, une nouvelle usine est créée, et un laboratoire recherche fait son entrée dans les effluves sucrées. Au milieu des années 80, Henri et Yves Nigay, tous deux diplômés en chimie, intègrent l’entreprise. Le premier en est aujourd’hui le président et le directeur technique, le second le directeur commercial et général. C’est sous leur impulsion que la maison Nigay s’ouvre largement à l’international. Entre 1985 et 1992, la production passe de 3000 à 12 OOO tonnes par an, grâce notamment au développement de caramels aromatiques qui ouvrent grand les portes de l’industrie laitière, ou de caramels colorants qui charment les boissons gazeuses d’outre-Atlantique… D’ailleurs, une nouvelle usine a vu le jour il y a 4 ans dans la Somme, soit le bassin historique de transformation des matières premières en sirop de glucose (betterave et blé). Tandis que la 6ème génération entre dans les murs, les enjeux sociaux, environnementaux et novateurs s’invitent au cœur de l’ADN Nigay.
Le goût des valeurs
Les Caramels Nigay proposent, uniquement pour les professionnels et industriels, 4 gammes de produits : le caramel colorant que l’on retrouve dans la bière, le soda, la nourriture pour animaux ou encore la cosmétique, le caramel aromatique (flan, crème caramel, etc.), le « burn sugar » (sucre caramélisé) qui apporte à la fois son goût et sa couleur, et les caramels « spécialités », comme l’irrésistible caramel au beurre salé, qui vont donner une typicité au produit final. Les 450 références de caramels trouvent leur application, sous forme de liquide, de pâte, de poudre ou d’éclats, dans les glaces, les pâtisseries, les produits laitiers, les apéritifs, les boissons pour sportifs, etc. Ils nappent, aromatisent, édulcorent, colorent ou se font exhausteurs de goût. Tous font l’objet d’un travail colossal réalisé par une équipe pluridisciplinaire. Si la dégoulinabilité parfaite s’invente, elle ne tombe pas du ciel. Les Caramels Nigay disposent de plusieurs laboratoires, de recherche, de contrôle qualité, d’analyses microbiologiques (avec salle blanche) ou sensorielles, de cuisine d’application pour proposer des caramels sur mesure en fonction des habitudes alimentaires de chaque pays. L’Esprit Nigay est celui de l’innovation, de la passion, du plaisir de tous et de la tradition, de celle qui endosse fièrement ses racines sans perdre de vue l’avenir. Très attachée au développement durable depuis des années, l’entreprise multiplie les normes et les certifications. L’éthique en fer de lance, l’entreprise prône également le « clean label » et incite les industriels à être transparents dans leur composition, à ne pas déclarer un « burn sugar » à la place d’un colorant. Adeptes des démarches d’excellence dans tous les domaines, les Caramels Nigay considèrent la qualité de vie au travail comme un pilier d’avenir et de pérennisation. Un management participatif a été mis en place et l’épanouissement des collaborateurs se nourrit de cohésion solidaire (afterwork, petits déjeuners avec la direction, journal interne, journée « vis mon job », etc.). L’entreprise est également garante de l’égalité professionnelle entre hommes et femmes. Ce qui, entre nous soit dit, ne gâche rien.
Au plus près de l’artisanat local
L’entreprise Nigay est certes leader européen, et compte quelques prestigieux clients internationaux. Mais l’industrie agro-alimentaire ne constitue pas le seul champ d’application de ses produits et l’artisanat local n’est pas en reste. Pour exemples, le « Coladoré », un cola made in Forez réalisé avec la brasserie La Germanoise de Saint-Germain-Laval, ou la « Carabrioche », une brioche aux pépites de caramel mise au point avec la Minoterie Moderne de Cuzieu et vendue dans les boulangeries/pâtisseries foréziennes. Les Caramels Nigay s’invitent dans les recettes de quelques grands noms de la gastronomie régionale : le chocolatier Patrick Bataillon à Feurs, l’artisan macaronier Franck Deville à Roche-la-Molière, le chocolatier confiseur Bonbon Collection à Sail-sous-Couzan, le chef Olivier Boizet du Château de Champlong à Villerest… L’élaboration de recettes spécifiques autour du concept « Cuisinez Caramel » est un constant sujet de travail en partenariat avec des chefs locaux. L’ancrage territorial est une force, aussi bien pour l’inspiration que pour la recherche d’excellence ou la transmission d’une passion impérissable. Les Caramels Nigay ont une devise : « faire du caramel une source intarissable de nouveautés ». Qu’il dégouline ou qu’il pétille, insoupçonnable ou omniprésent, il a de quoi contrer l’amertume quelques décennies encore, et colorer les goûts de l’humanité.