Smell like kiff spirit
Si vous tapez sur un moteur de recherche:«faits marquants de l’année 2014», vous vous rappellerez, pêle-mêle, les JO de Sotchi sous un soleil glaçant, la brûlante affaire Gayet/Hollande (très joli casque Monsieur le Président), les rues de Kiev qui, déjà, se soulèvent en faveur de l’idéal démocratique, ou encore, sans que cela puisse étayer la thèse complotiste, le sordide coup de sang de Nabila à l’encontre de sa moitié… plantée. Côté musique, pêle-mêle également, les Milky Chance se font voler leur danse, Indila fait la dernière, Black M jure, mais un peu tard, qu’il ne dira rien tandis que les stars de la French Touch et Pharell Williams cartonnent toujours avec « Get Lucky » (très jolis casques les Daft Punk). On apprend par ailleurs que l’analyse de l’ADN de Richard III, en plus de nous faire une belle jambe, trahit une infidélité royale, et qu’il y a eu jadis un grand lac sur Mars. Pendant ce temps-là, un jeune énarque, ancien banquier de chez Rotschild, titille la classe politique avec sa tête de gendre idéal et des petits rigolos, dans un tout autre style, s’amusent à voler des nains de jardin pour les aligner au bord du lac de la Sorme.
Mais rien, vous ne trouverez rien, pas un traitre mot, sur la formation des Lipstick Rules. Et là, bizarrement, aucun complotiste ne la ramène, aucun conspirationniste ne dégaine. Quelle brillante machination que celle qui passe inaperçue dans l’esprit même des plus beaux spécimens d’hurluberlus. Mais à nous, on ne la fait pas. Dès demain, Médiapart est au parfum, Greta Thunberg recycle son « how dare you», puisque les COP successives s’en tamponnent, et les Chiennes de Garde sont lâchées aux trousses des patriarches en perfecto. Parce que, sachez-le, quelque chose de louche se trame dans la rocksphère, comme si les Dieux du riff voulaient étouffer l’affaire. Ainsi donc, notre Roanne Calling, notre Rage Against the Routine, notre L42 existe et le monde ne le sait pas encore? Mais, nom d’un funck à chien (merci Phil), que font les rebelles soniques et autres instances radiophoniques ? De deux choses l’une, soit des lobbyistes défendent, contre l’intérêt général, la suprématie entêtante de riff interplanétaires, style Seven Nation Army des White Stripes (à base de Po po po po po pooo pooo), ou Can’t Stop des Red Hot, soit leur bonne étoile a perdu au chifoumi. Une hypothèse encore : les Lipstick Rules ne font pas dans la masculinité tapageuse et l’un d’eux, sans être ni choriste ni muse, est une femme. Qui tient le devant de la scène, sans que celle-ci soit cotonneuse. Dans l’univers très androcentré du rock, peut-être que certains en choperaient la varicelle. Quoi qu’il en soit, c’est un scandale, un watergate musical, et vous ne pourrez bientôt plus dire que vous ne saviez pas.
Alors que leur 2ème album s’annonce dans un roulement de tambour, Les Lipstick Rules nous accordent, de concert, une interview apéritive, la déconnade au bord des lèvres. Leur musique, 100% roannaise, influencée par le rock et la pop anglaise, alterne ballades mélodieuses et morceaux énergisants. Le tout porté par une voix qui envoie, une présence scénique qui n’a rien à envier aux dézingueurs de guitares ou pourfendeurs de discours rebelles, et par des refrains prégnants qui, on vous l’annonce, ont quelques hits à faire parader. Mais, en attendant que justice soit faite et qu’ils nous oublient, peut-être, dans des catering de rockstars, profitons d’eux et de leur accord parfait.
Bonjour les Lipstick Rules, vous fêterez dans quelques mois votre 9ème anniversaire, comment expliquez-vous cette longévité sur la scène roannaise?
Par la confiance et la complicité qui existent entre nous. Il y a de vraies affinités et surtout aucun égo surdimensionné qui essaie de prendre l’ascendant sur les autres. Les choses sont fluides et on a les mêmes attentes. Chacun de nous a une vie personnelle et professionnelle en plus de la musique, alors on préfère la qualité à la quantité. Disons qu’on se retrouve toujours pour le plaisir et l’inspiration du «être ensemble». D’ailleurs, on a su trouver un équilibre dans nos styles de jeux et si l’un de nous veut partir, le groupe s’arrête, car aucun n’est interchangeable.
Vous êtes 4 aujourd’hui dans le groupe. Pouvez-vous vous présenter?
Bénédicte (dite Béné) : j’ai 32 ans et je suis la chanteuse du groupe. Celle qui y met un peu d’ordre aussi parfois . Petite, j’ai toujours aimé «faire le spectacle» et j’ai vite pris des cours de chant et de danse. J’ai aussi deux enfants avec le batteur.
Maxime : j’ai 29 ans et je suis donc le père des enfants de Béné. Je fais de la batterie depuis que j’ai 6 ans, et je suis très heureux que le basse/bat fonctionne aussi bien avec Phil.
Philippe (dit Phil): j’ai 55 ans et je suis bassiste. J’ai toujours fait de la musique, en commençant par la guitare, et j’ai toujours voulu jouer dans un groupe. J’en ai accompagné quelques-uns d’ailleurs! Ce que j’aime particulièrement avec les Lipstick Rules, c’est que nous ne faisons que des compos.
Eric (dit Richie): j’ai 38 ans et je suis guitariste (il en faut un). J’ai commencé seul il y a 20 ans. C’est Californication des Red Hot qui m’a mis le virus…
Quelle est la genèse du groupe ?
En 2014, on ne se connaissait pas (excepté Béné et Richie depuis qu’ils sont petits), mais nos groupes respectifs prenaient l’eau, et on était tous très frustrés. C’est Stéphane Domur, figure notoire, aujourd’hui disparue, de la scène musicale roannaise, qui a eu du nez en nous présentant ! Le courant est passé tout de suite et, sachant que nous avions une chanteuse, un batteur, un guitariste et un bassiste… monter un groupe est vite devenu évident. En novembre 2014, c’était parti…
Pourquoi les Lipstick Rules, soit « l’ordre du rouge à lèvres»?
Parce que c’est, un peu, Béné qui mène la danse! Sans cravache mais…disons qu’elle nous recadre quand on s’égare un peu trop du côté de la blagounette… Et puis, c’est elle qui écrit la plupart des paroles, sur lesquelles on compose ensuite de façon collégiale.
Béné, justement, pourquoi choisis-tu exclusivement l’anglais?
L’anglais, c’est ma pudeur à moi. Je mets beaucoup de vécu et d’instinct dans les chansons. J’y aborde des thèmes personnels, joyeux ou difficiles, et ce serait trop cru, ou trop brutal pour moi de le faire en français. Sans oublier que l’anglais sonne naturellement plus rock.
Vous ne faites aucune reprise, et ce depuis le début… Comment avez-vous trouvé l’équilibre pour vos compos?
Grâce à la symbiose qu’il y a entre nous. Phil a une musicalité incroyable et le couple basse/batterie, qui est la fondation rythmique d’un groupe, porte les autres. Notre mixité et nos écarts d’âge sont également des atouts. Il y a du partage, de la connivence, de la chimie, et ça fonctionne! Pour notre 1ère date en mai 2015 (festival Zicolac), soit 6 mois après la formation du groupe, on avait déjà 4 titres aboutis. Maintenant, on tient un set de 2h.
Vous avez d’ailleurs sorti votre 1er album, Hello Sunshine, en 2019. Le 2ème arrive très prochainement?
On prévoit sa sortie en 2023, celui-ci aura 12 titres, quand le premier, un EP (entre le single et l’album), en avait 6. Pour financer ce nouvel album et également une vidéo qui l’accompagnera, nous allons devoir passer, en plus des concerts, par l’étape incontournable d’une cagnotte Leetchi. Donc on compte sur vous tous! Tout est expliqué sur notre page facebook que vous découvrirez en scannant le QR code !
On vous a vus en septembre dernier pour la 1ère partie des Celkilts à Roanne, et vous avez brillamment fait le job ! Quels souvenirs vous a laissé cette date?
C’est vrai qu’on avait la pression, surtout que Béné était enceinte de plus de 7 mois et qu’il fallait prévoir un plan B! Mais tout s’est bien passé et le public nous a suivis dès le 1er morceau. Les Celkilts, qui nous avaient invités à chauffer leur salle, ont été super confiants et chaleureux. Et, en effet, cette date qu’on ne voulait surtout pas louper restera dans les annales. Béné a juste remué un peu moins que d’habitude. Et encore…
Quel genre de scènes faites-vous habituellement?
On joue dans des petits festivals et dans des bars du roannais pour financer nos projets. Pour des associations aussi. Mais on aimerait maintenant changer un peu de salles et aller plus loin, à Lyon ou Clermont par exemple. Pour se faire connaître ailleurs et se mesurer à un autre public.
A quelle fréquence et où répétez-vous?
On se retrouve tous les 15 jours dans le studio qu’on loue au Diapason, pour 3h au moins de travail. On vient de reprendre le rythme car il a fallu laisser le temps à Béné de se remettre de son accouchement. Mais ça y est, les répétitions «en famille» ont repris. Et les enfants, élevés au rock, ne sont jamais bien loin.
Que peut-on vous souhaiter?
Que notre 2ème album plaise, pour que notre travail de composition ait encore plus de sens. Et, surtout, que l’alchimie continue de se créer, autant entre nous qu’avec le public.
CONTACT : lipstick.r.music@gmail.com / 06 75 94 40 10