Magazine Le Bruit Qui Court
  • Accueil
  • LIRE LE MAG
  • LES RUBRIQUES
    • Evenement
    • Grand Angle
    • Zoom (Publireportages)
    • Portrait
    • Reportage
    • Interview
    • Focus
    • Idée de Recette
  • DEVENEZ Annonceur
  • BRIO COMMUNICATION
  • Accueil
  • LIRE LE MAG
  • LES RUBRIQUES
    • Evenement
    • Grand Angle
    • Zoom (Publireportages)
    • Portrait
    • Reportage
    • Interview
    • Focus
    • Idée de Recette
  • DEVENEZ Annonceur
  • BRIO COMMUNICATION
Interview

Véronique ALMARCHA

11 février 2025 11 février 2025 Alexandra TISSOT1085 views

Sexe : féminin
Profession : architecte

C’est vrai que c’est un choc. Ou pour le moins une gymnastique de l’esprit qui peut prendre, c’est selon, un quart de seconde ou toute une vie. A l’énoncé de son métier, un architecte avec costume 3 pièces ne se verra demander aucune précision sur la nature exacte de sa mission, car un architecte est un homme, et il est normal pour un homme d’être architecte. Une architecte en revanche verra toujours passer dans l’œil de son interlocuteur quelque chose de l’ordre de la panique, de la défiance, du flottement ou de l’anguille sous roche débusquée par les lois de la génétique. Une lueur fugace ou appuyée trahissant un « j’ai dû mal comprendre », « quelle est cette tartuferie », « on aura tout vu » ou « n’ai-je donc tant vécu que pour cette infâmie ».
Véronique Almarcha, architecte à Roanne, n’échappe pas à cette règle relevant davantage des stéréotypes de genre que d’une connaissance pointue des spécificités des aptitudes féminines. En bref, on ne connaît pas le dossier mais Jean-Michel Patriarcat et sa socialisation différenciée ont bien fait le job. Combien de fois ne lui a-t-on pas rétorqué, à l’annonce de sa profession, « mais… architecte… vous voulez dire architecte d’intérieur ? ». Avec tout le respect dû à ce métier de grand secours, la rectification erronée n’est pas réductrice en tant que telle mais parce qu’elle induit un empêchement sexiste et une assignation, faite aux femmes, à être là où on les attend. J’ai d’ailleurs pu le vérifier, non sans un certain amusement, en annonçant de ci de là mon prochain sujet. Alignement des planètes et bug intersidéral : « une architecte ou une décoratrice ? ». Les mots ont en sens Jean-Michel, que le poids des représentations ignore.


Certes, le monde manque de modèles de femmes architectes influentes. Fatalement dirais-je puisque les rares ayant eu dans le passé accès à la profession ont été copieusement invisibilisées par un boy’s club très attaché à ses plates-bandes. Prenez Denise Scott-Brown, qui fait partie des références du XXème siècle, hommes et femmes confondus : son nom a été oublié quand celui de son associé et mari, Robert Venturi, a fait histoire. Aujourd’hui encore, et alors même que près de 60% des architectes diplômées sont des femmes : elles sont davantage au chômage, salariées ou en CDD, que leurs homologues masculins, qui gagnent en moyenne deux fois plus qu’elles pour un même poste. Et les chefs d’agence ou les professeurs de projet en école sont, à une majorité écrasante, des hommes.
Bien sûr, j’entends déjà Jean-Michel marmonner « si on conservait les traditions, les femmes ne seraient pas architectes » ou pérorer « je ne suis pas misogyne, mais leur place n’est pas sur un chantier ». Ah, la bonne vieille prophétie autoréalisatrice qui continue à éloigner les femmes, conditionnées dans l’enfance avec des poupées et non avec des jeux de construction, des carrières dites masculines. Alors même que tous les chiffres de la réussite scolaire publiés par le ministère de l’Éducation Nationale depuis 20 ans prouvent que les filles sont le sexe fort à l’école dans tous les domaines, y compris les mathématiques. En architecture comme ailleurs, les femmes ne sont pas à l’abri d’amener une vision renouvelée du monde, qui ne devrait pas faire boîter l’humanité. Gageons donc que Véronique et ses consœurs, douées toutes pour la solidarité, permettront de faire bouger un peu, beaucoup, les lignes de la représentativité.

Bonjour Véronique, peux-tu nous expliquer ce qui, dans ta prime jeunesse, t’a fait t’orienter vers des études d’architecture ?

– Je crois que c’est parce que j’ai beaucoup vécu dans les travaux et la rénovation… Mon père était cheminot et nous avons habité un temps à Lyon après ma naissance à Roanne. Nous sommes revenus vivre à Riorges quand j’avais 5 ans et j’ai vu mes parents construire leur maison brique par brique. Et j’ai toujours adoré participer aux travaux manuels.

Tu as su très tôt, dans ton parcours scolaire, que c’était ça et pas autre chose ?

– Assez tôt oui, même si j’ai hésité avec le journalisme. Dans les 2 cas, il fallait avoir le niveau et j’ai dû m’accrocher car tout ne coulait pas de source. J’étais au lycée Jean Puy et j’ai énormément travaillé, sans jamais rien lâcher. En terminale, j’ai visité les écoles d’archi de Rhône-Alpes et je me suis dit « c’est là que je veux aller ».

Et c’est là que tu es allée…

– Oui, à Grenoble, dans une des 22 Ecoles Nationales Supérieures d’Architecture de France, publiques et ouvertes à toutes et tous. Pour moi qui étais une grande timide, ça a été une révélation. J’ai présenté mes premiers projets avec une conviction dingue. J’ai adoré les profs, qui étaient tous architectes. En fait, j’étais à ma place et ça a été 6 années passionnantes.

Quelles sont les matières principalement enseignées ?

– Tout ce qui touche à la culture générale, notamment l’histoire de l’art et de l’architecture. Il y a finalement peu de dessin à la main ou de maths, car les calculs sont aujourd’hui confiés à des ingénieurs, mais beaucoup de travaux concrets, qui nous ouvrent l’esprit sur la résolution des problèmes architecturaux. Ces études préparent à être efficace très vite.

Qu’est-ce qui t’a fait revenir à Roanne ?

– Mon amoureux, qui est aujourd’hui le père de mes enfants, travaillait à Roanne. J’ai donc fait mon dernier stage ici. Une expérience malheureuse d’ailleurs, à laquelle j’ai coupé court. Je suis ensuite restée 8 ans dans une agence Roannaise dirigée par 3 associés. J’ai beaucoup appris, même si on ne me confiait pas forcément les meilleurs projets, mais je suis partie quand l’ambiance a changé. J’ai fait un remplacement chez un autre architecte mais j’avais en tête de me mettre à mon compte. C’était il y a 8 ans.

©Clement Guillaume
©Clement Guillaume

Pourquoi cette envie d’indépendance ?

– Pour signer mes projets et aller au bout des choses selon ma propre sensibilité. Et puis, quitte à travailler 2 fois plus qu’un homme pour un salaire égal, car c’est une réalité dans notre métier… autant le faire pour moi.

Justement… être une femme n’a pas été une entrave pour te faire un nom ?

– Disons qu’il faut plus de temps pour être prise au sérieux. J’ai eu droit bien sûr au « on est bon qu’à partir de 40 ans », au « oui j’ai pris un homme, mais tu pourras toujours faire la déco », ou au maçon qui ne voulait pas me parler sur un chantier, comme j’ai encore droit au « architecte d’intérieur vous voulez dire ? » quand je me présente… Il faut qu’on vous fasse confiance une première fois. Après, le bouche à oreille fait le reste. C’est ce qui s’est passé, avec un agrandissement sur mesure que mes clients ont adoré, et les projets ont grossi tout doucement.

De gauche à droite : Véronique, Clara et Mélaine (©Komunikey)

Ton équipe aussi…

– Oui ! Clara, architecte également, travaille à mes côtés depuis 5 ans. Je l’avais prise en stage il y a plus de 10 ans. Elle était à l’époque en bac pro pour être dessinatrice, et je l’ai incitée à tenter archi… Elle l’a fait et a réussi. Elle continue même en passant un DSA (diplôme de spécialisation et d’approfondissement en architecture et risques majeurs). Et cette année nous accueillons Mélaine, qui est en alternance archi d’intérieur, mais qui souhaite par la suite intégrer une école d’archi.

As-tu un style qui t’est propre ?

– Je fais toujours du sur-mesure, de la dentelle même m’a-t-on dit, en respectant les désirs de mes clients. J’harmonise dans la sobriété, jamais dans l’arrogance, pour que les projets s’intègrent dans le paysage urbain. J’aime les belles pièces, comme un escalier remarquable, et les « avant- après » qui marquent. Je suis aussi très sensible à l’histoire des lieux et, quand on me demande de rénover une vieille bâtisse, je ne la dénature pas, par respect pour ses premiers habitants, comme pour ceux à venir. Parce que nous ne sommes que de passage dans une maison. J’aime conserver ce qui peut l’être, ou refaire à l’identique une corniche, des moulures… C’est passionnant de renouer avec l’artisanat d’origine, qui apporte charme et sensibilité.

Avant
Après (©Clement Guillaume)
©Clement Guillaume
©Clement Guillaume
©Clement Guillaume

En parlant de sensibilité justement, est-ce qu’il y a des étapes dans ton métier qui te font vibrer plus que d’autres ?

– J’adore les moments d’échange avec mes clients, dont beaucoup deviennent d’ailleurs des amis. Il faut parvenir à se projeter dans leur vie, dans leur sensibilité pour leur proposer le projet idéal. Cet aspect humain est tout simplement génial. J’aime beaucoup aussi être sur les chantiers, coordonner tous les corps de métier et voir les choses se concrétiser. J’essaie de composer des équipes d’artisans investis et c’est souvent un plaisir de travailler avec eux. Ils savent que je suis intransigeante et très rigoureuse car les responsabilités sont énormes. C’est un vrai travail d’équipe.

Penses-tu qu’il y ait une architecture féminine ?

– Oui et non. L’architecture est un métier, pas une esthétique liée au genre. Mais les femmes ont tendance à affiner davantage, à aller au fond des choses. Il y a à ce sujet un livre que j’aime beaucoup et dont le titre est « Je ne suis pas une femme architecte, je suis architecte », de Jane Hall, qui rend hommage à l’architecture réalisée par les femmes à travers le monde.

Que peut-on te souhaiter ?

– De continuer à avoir autant de clients investis et de projets différents, de la rénovation à l’extension, de la création totale à l’architecture d’intérieur (oui, j’en fais aussi…). De parvenir à transmettre ma vision en encourageant la nouvelle génération à oser. Et d’être toujours aussi passionnée car l’architecture est partout autour de nous, elle se vit au quotidien.

VERONIQUE ALMARCHA ARCHITECTE
VAA, 15 rue Saint-André 42300 Roanne

www.vaa.archi

FACEBOOK

INSTAGRAM

LINKEDIN

architecte roannearchitectureconstructionfemme architecterenovationroannaisRoanne
Alexandra TISSOT11 février 2025

RECHERCHER

LA BIBLIOTHÈQUE DU MAGAZINE LE BRUIT QUI COURT

Les articles les plus populaires

GUILLAUME GRIFFON – AUTEUR DE BD

16 janvier 2017 17 janvier 2017

THÉÂTRE DE ROANNE – Lever de rideau

7 mars 2018 7 mars 2018

Remontet – Horloger Père & Fils

8 novembre 2017 8 novembre 2017

AURÉLIA BRIVET – L’Art de l’Aventure

7 mars 2018 7 mars 2018

MICHEL FEUGÈRE MUSICIEN – UN MUSICIEN QUI FAIT SON CINÉMA

12 juin 2019 12 juin 2019

Rejoignez-nous sur instagram @magazinelebruitquicourt

Configuration error or no pictures...
0
Followers

Rejoignez-nous sur Facebook

0
Followers
0
Followers

Rejoignez-nous sur Instagram @magazinelebruitquicourt

Configuration error or no pictures...
Copyright © 2018-2025 - MAGAZINE LE BRUIT QUI COURT - TOUS DROITS RÉSERVÉS. ÉDITIONS LES 3 DU DUO S.A.R.L.