Deux romans totalement différents. L’un évoque l’évanescence de nos vies, l’autre, la joie à les sauver de la douleur et de la mort.
« Comme l’ombre qui s’en va » d’Antonio MUNIOZ MOLINA – Aux Editions du Seuil
1987, un jeune espagnol part quelques jours à Lisbonne pour travailler sur un roman, mais peut être aussi mettre entre parenthèse son rôle de père et de mari qu’il a le sentiment de ne pas avoir choisi.
Son livre devient une sorte de manuel d’écriture à l’attention des jeunes écrivains qui semble leur dire: écoutez de la musique, vivez la nuit, fumez, buvez, fréquentez les bars, les clubs de jazz et accédez à cet « état de somnambulisme lucide »… une vision presque romantique de l’écrivain.
20 ans plus tôt Martin Luther King était assassiné par James Earl Ray qui s’enfuit à l’étranger. Il sera arrêté à Londres 2 mois plus tard et entre temps aura passé une semaine à Lisbonne. Tout le long du livre l’auteur passe de Ray à sa propre histoire. Il mélange réalité et fiction et comme quand on mélange deux choses de nature différente, il y a une réaction chimique, un précipité…ou comme un collage. Molina réussi à captiver avec l’histoire de Earl Ray, qui a passé sa vie à
se perfectionner pour ne pas laisser de souvenirs, passer inaperçu… et l’auteur nous démontre que seule la fiction peut dévoiler ce qu’aucune archive, aucun témoignage ne saurait révéler.
Et puis il y a Lisbonne.
Lisbonne pour lui c’est une expérience, Lisbonne dans les années 80 c’était « rencontrer l’exotique à côté du provincial ». Lisbonne c’est la ville ou des chats somnolent au soleil, continuant de vivre comme dans l’Egypte antique.
« Les corps fragiles » d’Isabelle KAUFFMANN – Aux Editions Le Passage
Voici un livre qui rend un vibrant hommage à la première infirmière libérale de Lyon, Marie-Antoinette GALLAND qui a exercé sa vocation durant une grande partie du 20ème siècle.
Dans ce récit magnifique, tout en finesse et délicatesse, Isabelle KAUFFMANN nous raconte le métier de Marie-Antoinette, ses premiers pas en tant qu’infirmière, l’approche des corps et des patients qui se fait avec beaucoup de sensibilité, l’empathie dont elle fait preuve lors des visites, au contact de ces «corps fragiles» avec qui elle partage un morceau de vie, de souffrance et de parfois de joie.
Isabelle Kauffmann, d’une plume alerte et délicate, revient sur une vocation
déclarée très tôt, dès l’enfance. Marie-Antoinette à toujours voulu soigner,
soulager , conforter et réconfoter les malades.
D’une construction «anatomiale»- les chapitres ont pour titre une partie du corps
humain, les mains, le coeur, la tête…- ce récit fourmille d’anecdotes illustrant la manière dont cette infirmière dévouée a vécu, les patients qu’elle a rencontré, l’évolution des moeurs, mentalités et de la médecine.
Une belle reconnaissance à celles et ceux qui font métier d’apporter soins et aides, qui consacrent une partie de leur existence à s’occuper des plus faibles sans en avoir toujours la considération.
* Rencontre avec Isabelle Kauffmann pour le livre «Les corps fragiles» le Mardi 8 Novembre à 19h – Forum Mirose
FORUM MIROSE
4 RUE CHARLES DE GAULLE – ROANNE