
Il paraît que le dessinateur de Lady S (entre autres) ou Susan pour les intimes, vient pour la première fois monter les marches du festival BD d’Ambierle. Smoking ou pas, peu importe, cette rumeur, on veut bien l’acheter. D’ailleurs, au fur et à mesure qu’elle gronde, les fans se pâment, hésitant entre se pincer et croiser les doigts. Pourtant, cela semble vrai : Philippe Aymond est l’invité d’honneur de cette 11ème édition et arrivera près de chez vous dès le 24 septembre pour un before à l’Office de Tourisme de Roanne, où une exposition lui est consacrée tout le mois. Sa blonde gaulée comme un avion de chasse revient pour un 15ème tome, « Dans la gueule du tigre » et nous, comme elle, on s’y jette…
Bonjour Philippe, pourrais-tu présenter l’héroïne de la série Lady S, créée par Jean Van Hamme, et dont le dernier tome vient tout juste de sortir ?
Susan, de son vrai nom Shania, est une jeune estonienne dont l’enfance a été tourmentée. A 12 ans, forcée à fuir après l’assassinat de ses parents par le KGB, elle s’initie aux larcins et cambriolages. Plus tard réfugiée en Finlande, elle est adoptée par un diplomate américain et se rachète une conduite. Mais les services secrets retrouvent sa trace et la font chanter. Elle devient espionne malgré elle…
Lorsque Jean Van Hamme (XIII, Thorgal, Largo Winch) t’a proposé en 2004 d’être le dessinateur de cette série, comment as-tu réagi ?
C’était une chance d’être choisi par lui, une bénédiction, un cadeau. Mais j’avais aussi très peur que l’histoire ne me plaise pas. J’ai été heureusement rassuré, à la lecture du synopsis, par son univers très Hitchcockien et 17 ans après, je n’ai aucun regret. Van Hamme a de plus une vraie admiration pour les dessinateurs, et travailler avec lui a été un vrai plaisir. Jusqu’à ce qu’il me laisse décider du sort de notre espionne de haut vol en 2014.
Tu es à l’écriture du scénario depuis le 10ème tome, prends-tu toujours autant de plaisir avec Lady S ?
Le plaisir, il faut le renouveler ! Et comme je suis maintenant le scénariste… je peux faire plaisir au dessinateur. Dans ce 15ème tome, je voulais emmener Susan dans un pays où la peine de mort existe encore. J’ai choisi l’Indonésie et le plaisir graphique a été au rendez-vous. Et puis… je ne travaille pas que sur Lady S, pour ne pas ronronner, et retrouver avec joie mes personnages après être allé voir ailleurs.
Justement, tu arrives à tout concilier ?
Depuis que je suis le scénariste de Lady S, j’ai dû ralentir le rythme de ses aventures, pour pouvoir travailler aussi sur d’autres projets. Disons qu’il en sort maintenant un album tous les deux ans.
Sais-tu où tu vas emmener Susan, et quelle fin a cette histoire ?
Pas du tout ! Je n’ai pas de rail prédéfini, ni de trame générale. Je prends des notes sur des thèmes contemporains qu’il me semble important d’évoquer et je laisse faire l’imagination au fil de l’eau. Impossible de vous dire si elle finira mariée avec charge de famille…
Tu viens pour la première fois au festival d’Ambierle. Tu vas découvrir la région ?
Complètement oui. Et il paraît qu’on y mange très bien ! Je suis ravi car j’aime beaucoup les festivals régionaux, où on peut aller à la rencontre des lecteurs. Cette double découverte m’intéresse et les échanges promettent d’être très riches.