Les Bonnes Ondes
L’histoire de notre ère du son
Noël 1921. Une voix nasillarde, sur fond de violons crachotant et de sifflements incontrôlables, s’immisce dans le quotidien des français les plus bricoleurs. Parmi lesquels, peut-être, Kiki de Montparnasse, Jacques Prévert ou, pourquoi pas, Henri Matisse. Rendu possible par une succession d’inventions et d’avancées technologiques (telles que l’invention du télégraphe en1841 par Samuel Morse, la mise en évidence en 1886 des ondes radio par l’ingénieur allemand Heinrich Rudolf Hertz, l’invention d’un générateur haute fréquence de 15kHz en1889 par Nikola Tesla ou celle du premier récepteur d’ondes hertziennes en 1890 par Edouard Branly), le premier programme de la station radio Tour Eiffel marque le point de départ de la révolution médiatique sonore. Après la parenthèse enchantée de cette entre-deux guerres, les français se mettent à parler aux français grâce aux ondes de la BBC, et Radio Londres devient l’ennemie numéro 1 de Radio Collabo, plus connue à l’époque sous le nom de Radio Vichy. Durant ces 4 ans d’infos versus intox, d’appels à la résistance versus propagande nazie, de jeunes chroniqueurs (comme Jacques Duchesne, Jean Oberlé, Pierre Bourdon, Maurice Schumann, Pierre Dac…) inventent une radio de proximité qui bouscule le style jusqu’alors très académique de la radio française. Quoi qu’il en soit, cet étendard de la France libre n’a ensuite cessé de briser le silence des foyers, d’autant plus après l’arrivée du transistor portatif sur le marché français en 1956. Depuis, la radio est de tous les conflits, de toutes les célébrations, de toutes les musiques, de toutes les cultures. Des radios barricades de mai 68 à Allô Macha, du Tribunal des Flagrants Délires aux podcasts d’aujourd’hui, elle nous livre des voix qui deviennent familières, porteuses d’évocations et d’imaginaire. Des voix qui nous parlent des astres, de la pluie et du beau temps, retranscrivent le spectacle du monde, le refont parfois, nous informent, nous divertissent, nous bercent ou sont programmées, les plus gonflées d’entre elles, pour nous tirer du lit. Tandis que nous pouvons conduire, transpirer, cuisiner, buller, sans qu’aucun égo ne nous accuse de ne pas l’écouter.
Dans cette communauté des adorateurs de son, (rappelons que près de 8 français sur 10 s’adonnent quotidiennement aux plaisirs radiophoniques) il est une radio que personne n’a vue venir, à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession dans l’univers des modulations de fréquence. Et pourtant… Notre 101.6FM, de son petit nom Activ, est devenue en 20 ans la première radio locale de la Loire*, avec 160000 auditeurs réguliers chaque semaine. Prête, toujours, à envoyer mixer notre actualité, à faire bouger nos ondes et à faciliter nos pleins de carburant, au propre comme au figuré. Romain Mazodier et Maxence Bertholon sont les créateurs de cette radio locale fortement énergisante qui, loin de toute nostalgie, nous attache à ses timbres et à sa compagnie mobile. Entrée dans l’ère du son, Activ se raconte, une fois n’est pas coutume, par écrit.
A vous les studios!
Bonjour Romain. Vous et Maxence Bertholon êtes les codirecteurs d’Activ, la première radio locale de la Loire. Comment a commencé cette aventure ligérienne?
– J’ai toujours été passionné de radio et, quand j’étais jeune étudiant à la fin des années 90, j’ai créé une radio pirate dans ma chambre du quartier Bergson, à Saint-Etienne. Dans une penderie, avec les moyens du bord. Je l’avais appelée « Le 8-9-1, la radio 100% recyclée». Bon, clairement, je ne sais pas si j’avais des auditeurs en nombre, mais j’en avais au moins un : Maxence, qui un jour a appelé au numéro de standard que j’avais laissé, et qui était en fait celui de la cabine téléphonique en bas de chez moi. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés, et qu’on est devenus amis.
Cette radio 100% recyclée est l’ancêtre d’Activ?
– Non! Je suis vite passé à autre chose mais, quelque part, c’est ce qui a donné l’impulsion. J’ai ensuite été animateur bénévole à Forez FM, à Montbrison, puis ai travaillé pour une radio lyonnaise et pour Scoop dans les années 2000. Maxence, des son côté, est devenu directeur technique de radio RCF Saint-Etienne.

Vous aviez le virus…
– Oui, depuis toujours en fait. Et puis on a su que Forez FM n’était pas au mieux de sa forme. On a alors proposé un projet tous les deux. Qui a été retenu. C’est parti comme ça, en 2003, dans une maison de Montbrison, avec des codes à l’ancienne et des émetteurs dans le grenier… Et sans aucune notion d’entreprenariat. On a commencé par changer le traitement du son, puis on a trouvé le nom d’Activ Radio. Et il a fallu dynamiser l’antenne, qui n’apparaissait même pas dans la médiamétrie (mesure d’audience) de l’époque.
Combien de temps il vous a fallu pour être visibles?
– Au bout d’un an, et avec une équipe de 4 personnes, on a dépassé les 10 000 auditeurs, ce qui était complètement inouï. On a donc adhéré aux Indés Radios, un regroupement de 130 radios indépendantes françaises qui constitue la première audience de France et qui donne accès à la publicité nationale. Grâce à notre part du gâteau, on a pu développer nos moyens et embaucher une personne supplémentaire.
Vous ne diffusiez alors qu’à Montbrison?
– Oui, puis on a demandé à diffuser à Saint-Etienne. C’est un processus très long car les places sont chères en FM. Finalement, notre appel à candidature a été retenu et on est arrivés à Saint-Etienne en 2007, où les studios ont été déménagés.
Et Roanne?
– On ne demandait que ça mais notre candidature a été refusée deux fois! Et puis, en 2011…tadam, Activ radio a enfin pu émettre à Roanne. On a tout de suite pris des bureaux rue des Minimes, pour avoir une présence sur le terrain, puis un local avec vitrine rue Alsace Lorraine. Et, qui dit Roanne dit Chorale… il nous était impossible de ne pas commenter les matchs dès le début. Emmanuel Demont, que les roannais et les stéphanois connaissent bien, a d’ailleurs été notre premier chroniqueur pour présenter l’agenda ici. Depuis, Fabien Zaghini est devenu la voix des matchs de la Chorale.

Votre implantation à Roanne a contribué à votre succès?
– Bien sûr. En peu de temps, on est arrivés en 3ème position des radios de la Loire. Il a fallu se professionnaliser très vite. Ça n’a pas toujours été facile… Passer d’une petite équipe à… 25 membres aujourd’hui peut parfois développer un complexe de croissance. Mais les choses se font. Maxence et moi avons la chance d’avoir des collaborateurs soudés, doués et investis qui nous ont permis de devenir la première radio locale de la Loire.
Vous avez fêté (en grandes pompes!) vos 10 ans à Roanne cette année, avec un concert gratuit qui a marqué les esprits, le 31 mars dernier…
– C’était grandiose! La salle de l’espace des Marronniers au Coteau a affiché complet très rapidement. Il faut dire que beaucoup d’artistes avaient répondu présents: Marina Kaye, Lilian Renaud, Les Frangines, la chanteuse québécoise La Zarra (3ème titre français le plus diffusé en radio), Colorblast, Céphaz, ou encore Nazim, originaire de la Loire (qui a notamment composé pour Kendji). Avec toute notre équipe survoltée, des joueurs de la Chorale au taquet, un public extrêmement chaleureux… oui, c’était un anniversaire de folie. Qui donne envie de faire encore plus de choses à Roanne.





Un autre anniversaire se profile n’est-ce pas?
– Effectivement, nous fêterons nos 20 ans en 2023. Mais il est trop tôt pour dévoiler les surprises…
Ok, le mystère reste entier… Alors, en attendant, que peut-on vous souhaiter?
– De continuer à nous développer, de faire perdurer ce qu’on a semé ici et de transmettre nos valeurs en misant sur les talents en présence, comme Fabien, ou Blandine qui fait briller Roanne mieux que quiconque, et tous les autres…
Quelles sont ces valeurs qui font votre succès d’écoute?
– C’est, en grande partie, le fait de vivre au rythme de la Loire et des auditeurs. La ligne éditoriale est inchangée depuis le début: on joue non-stop la carte du local. On relaye tous les évènements du territoire, comme la Foire du Roannais, le Salon de la Gastronomie ou l’actualité de la Chorale, pour laquelle on a d’ailleurs créé un podcast. Et on accompagne nos auditeurs dans leur vie quotidienne avec une programmation musicale qui sort des sentiers battus, des infoservices, des infos-trafic, et une multitude d’opérations cadeaux (100000€ de dotation offerts chaque année) comme le jeu de la juste prime qui comptabilise un nombre record d’inscriptions… Activ est une radio de proximité. Ça a été particulièrement évident pendant le confinement, où Karine et Sandra, du standard, ont eu encore plus d’appels que d’habitude.
Maxence et vous êtes encore à l’antenne?
– Oui, Maxence, qui est le directeur technique, est aussi la voix off de la station. Quant à moi, je m’occupe de la programmation musicale et présente le hit Activ tous les dimanches soir de 17h à 20h.
Des nouveautés sont-elles prévues pour cette rentrée?
– Oui, il y a une nouvelle programmation, et de nouveaux jeux. Surtout, il y a l’envie de partager encore davantage avec les auditeurs. La magie opère, autant avec eux qu’avec l’équipe. Tant que c’est le cas, il reste du chemin à parcourir.

ACTIV -101.6FM-Appli I phone et Android
ACTIV RADIO Roanne, 13, rue Alsace Lorraine,
42300 Roanne
04 77 42 04 00
www.activradio.com
*Selon étude des habitudes d’écoute Médialocales dans la Loire, audience cumulée ensemble 13 ans et plus, de septembre 2020 à juin 2021 du lundi au vendredi de 05h à 00h.