Céréales Bio du Petit-déjeuner
LES PROMESSES TENUES
Rappelons-nous… le soleil vient de se lever, il va faire une belle journée, mais une journée ouvrée, qu’il faudra passer à trimer. Oui, c’est vrai, il va bientôt arriver, l’ami du petit déjeuner, qui vient toujours au bon moment, avec son bol et ses écrans, celui qui choisit toujours la bonne heure, pour venir réveiller nos ardeurs. Le fameux ami à la chicorée, ou à la mords-moi-le-doigt, cet imposteur qui nous a rarement vu chanter tous en coeur quand une alarme malavisée nous arrache à la langueur d’une aube paresseuse pour nous catapulter, tout droit et en pyjama, dans une réalité aussi laborieuse que rabat-joie. Il n’existe, on ne va pas se mentir, que peu de matins au top du pops pour réveiller sans effort le tigre en nous, ou assez forts en chocolat pour nous enthousiasmer à l’heure où blanchit la campagne. Mais on peut trouver une alternative à l’atermoiement matinal qui, sans nous faire perdre totalement de vue les sirènes de la flemme, nous amènerait doucement sur la pente savonnée du stakhanovisme. En gros, de quoi troquer nos pantoufles contre des crampons, et la marque de l’oreiller contre celle des champions.
Or, les céréales sont aujourd’hui, et pour beaucoup, indissociables d’un petit-déjeuner en fanfare, grâce à un marketing puissant pratiqué depuis le début des années 1900. A l’époque, John Harvey Kellogg, un médecin américain faisant partie de l’église adventiste du 7ème jour, voit d’un très mauvais oeil la sexualité en général, l’onanisme en particulier. C’est ainsi que pour purifier les esprits de toute pensée lubrique, il s’attelle tout d’abord au nettoyage des corps. Exit les excitants, la chair animale et les épices libidineuses, bonjour les méthodes barbares, pour tuer dans l’oeuf tout instinct érotique, et, ce qui est mieux, l’exercice physique et une alimentation saine, pour éradiquer les pulsions sataniques. John développe des recettes végétariennes pour ses patients de la région de Battle Creek dans l’état du Michigan et invente en 1894, avec son jeune frère Will, les flocons de céréales, à base de blé puis de maïs. C’est ensuite Will qui, contre l’avis de son aîné peu enclin au succès commercial, fonde la Battle Creek Toasted Corn Company et, grâce à une publicité massive, et beaucoup de sucre ajouté, fait des céréales une manne de plusieurs milliards de dollars. L’histoire ne dit pas si la corruption morale s’en trouve allégée et si l’idéologie pro-abstinence fait des adeptes parmi les premiers consommateurs. Mais la révolution du petit-déjeuner est en marche et, avec elle, sont jetées les bases du végétarisme moderne et de la corrélation entre santé et nutrition. L’histoire omet également que les frères Kellogg ne sont pas les seuls pionniers en la matière et qu’ils ont outre-Atlantique un contemporain tout aussi curieux, sans que le « pêché d’Onan » ne soit cette fois à l’origine de ses investigations.


En 1890, Joseph Favrichon est pharmacien à Saint Symphorien de Lay. Il rencontre un abbé allemand, Monseigneur Kneipp, qui lui enseigne une méthode de soin puisant ses bienfaits dans la médecine douce, la thalasso et une alimentation à base de céréales complètes. En l’appliquant, il réussit à guérir sa fille Louise d’une fluxion de poitrine et, bien inspiré, achète 3 ans plus tard les bâtiments d’une ancienne boulangerie pour y fabriquer des farines de céréales selon les recettes de Mgr Kneipp. Il ne le sait pas encore, mais un empire est né. Non pas dans la grandiloquence et la contagion effrénée, sans promesse absconses ni glucose consacré. Mais un empire du goût et de la qualité, du bio et de la nutrition en odeur de sainteté.


Les valeurs séculaires
Quelle histoire, vraiment, même si d’aucuns lui préfèreraient, c’est certain, un bon vieux rêve américain. L’aventure Favrichon se poursuit en 1912 avec la création du « phosphogène », une farine pour bébé, combinant nutrition et digestibilité, conçue par Joseph Favrichon pour son petit-fils… Joseph Vignon. Cette démarche novatrice, couronnée de succès, initie une tradition d’amélioration et de recherche constantes à laquelle travaille également Charles Vignon, gendre de Joseph. La gamme s’enrichit progressivement et les produits Favrichon sont bientôt reconnus pour conjuguer équilibre alimentaire et goût, tout en facilitant le quotidien des consommateurs avec des préparations prêtes à l’emploi. A bonne école, Joseph Vignon se joint aux travaux de son grand-père dans les années 30 et donne à la marque une orientation diététique. Joseph Favrichon met quant à lui au point une nouvelle méthode de préparation du grain d’avoine et transforme son mode de consommation en inventant en 1938 le flocon d’avoine tel que nous le connaissons aujourd’hui. Classée prioritaire pour l’alimentation des enfants durant la seconde guerre mondiale, l’entreprise crée les premières boissons à base de céréales pour pallier le manque de café puis développe dès les années 60 les produits céréaliers diététiques. Les Ets Favrichon & Vignon s’engagent ensuite dans la production biologique, bien avant sa reconnaissance officielle, et renforcent ainsi leur rôle de pionniers en alimentation saine. En 1977, ils révolutionnent le marché en installant une nouvelle ligne de transformation de céréales inédite en France. Les céréales croustillantes sont nées et les préparations de type porridge n’ont qu’à bien se tenir. A partir de 2005, et sous l’impulsion d’une nouvelle direction, un plan ambitieux modernise l’entreprise, étendant sa capacité de production et affirmant son statut régional.

En 2013, une nouvelle phase de diversification est amorcée et l’entreprise lance « Crosti », une gamme ludique et colorée destinée aux enfants. Consciente des besoins nutritionnels des plus jeunes, Favrichon élabore 8 recettes bio gourmandes, dont 3 sans gluten. Aujourd’hui, elle réaffirme ses valeurs fondatrices, savoir-faire, transparence, exigence, et cultive un lien authentique entre ses produits, 100% bio, et la nature, tout en revendiquant un ancrage profond dans son territoire.
Un présent plein d’avenir
Rachetée en 2003 par Brooks Wallin, et faisant désormais partie du groupe Organic Stories, une confédération de PME françaises 100% bio, Favrichon compte 60 salariés pour un CA annuel de 19,7M€ (2023), 200 références et près de 4000 tonnes fabriquées dans l’usine, non plus dans le bâtiment historique, qui accueille le centre administratif, mais dans les extensions réalisées progressivement à travers champs. Destinée aux magasins spécialisés bio et diététique, la marque lance en 2013 la gamme Charles Vignon pour la grande distribution. Quoi qu’il en soit… des recettes gourmandes et généreuses répondant à tous les besoins nutritionnels spécifiques : riches en fibres, en protéines, sans sucre ajouté, certifiées sans gluten, etc. Favrichon est d’ailleurs la première marque de céréales de petit-déjeuner à avoir supprimé l’huile de palme afin de ne concéder aucun aménagement au climato-scepticisme, elle dont la démarche RSE est passablement structurée, entre un approvisionnement responsable en lien avec les coopératives et les agriculteurs de la région et de France, un engagement social (parité homme/femme dans l’effectif et l’encadrement, avantages financiers pour les salariés…) et local (soutien aux associations locales et participation aux manifestations…), une innovation environnementale permanente et une gestion stratégique de l’énergie et des déchets. Son savoir-faire séduit alentours et au-delà, puisque la marque est désormais présente dans plus de 25 pays, principalement en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Nord. Son produit star, le muesli croustillant décliné en plusieurs recettes, permet donc de prêcher mondialement la très savoureuse parole d’irréductibles gaulois… symphorinois.


Les recettes gagnantes
Nous avons visité, habillés de vêtements hygiéniques, cette usine odorante où l’ensemble des processus de fabrication est maîtrisé, des céréales brutes jusqu’à leur emballage. Nous avons observé chaque étape, depuis l’atelier de fabrication, où ont lieu le floconnage, l’extrusion, les différents mélanges, la cuisson, l’enrobage et/ou le fourrage, jusqu’aux ateliers de paquetage et de conditionnement, qui tous fonctionnent en 2/8 ou en 3/8. La traçabilité est totale et les contrôles sont réguliers, des matières premières dès la réception puis tout au long de leur transformation et, enfin, du produit fini. Certifiée ISO 9001, l’entreprise Favrichon persiste et signe dans son engagement en matière de qualité. Oui, très bien mais… qu’est-ce qu’on mange ?
Des flocons d’avoine sans gluten et d’origine France, une exclusivité sur le marché, un muesli protéiné soja et fruits sans sucre ajouté, un muesli croustillant framboises et chocolat, également sans gluten, ou encore amandes et vanille, pommes et cannelle, superfruits, etc., un muesli céréales toastées six noix, des crosti bombs au miel, arrosés, pourquoi pas, d’une boisson chaude chicorée ou matimalt, un succédané de céréales torréfiées solubles (les produits peuvent être achetés directement à l’usine)… La liste bien sûr est loin d’être exhaustive. Plus que jamais portée par la nécessité de préserver l’essentiel, l’entreprise soutient, localement dès que faire se peut, les agriculteurs qui s’engagent à produire des aliments respectueux de la nature et de l’humain, en bio et en biodynamie. Et pour les rares produits qui viennent de loin, comme le sucre ou le chocolat, le commerce équitable ou solidaire, mais bio toujours, prend le relais. Certes, l’entreprise n’appartient plus aujourd’hui aux descendants de Joseph Favrichon mais ses valeurs sont inchangées et son histoire la propulse naturellement au palmarès du patrimoine local. Les collectivités territoriales ont d’ailleurs dernièrement fait le choix de rebaptiser la route longeant ses bâtiments « Route Favrichon ». Pour louer, comme nous le faisons, cette promesse honorée, celle de matins céréaliers au service de notre vitalité. Et que les dormeurs de l’extrême fassent contre mauvaise fortune bon coeur, ces céréales killers n’ont pas fini de faire croustiller les réveils compliqués.



Bureaux ouverts du lundi au jeudi de 14h à 17h30, le vendredi de 14h à 16h30

31 RN 7, 42470 Saint-Symphorien-de-Lay
04 77 64 75 09
www.favrichon.com